Much Loved
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Much Loved

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Loubna Abidar, Nabil Ayouch
Durée : 104’
Genre: Drame
Date de sortie: 14/10/2015

Cotation:

4 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Une fête d’anniversaire chez un saoudien. Plusieurs prostituées marocaines sont présentes et participent à la débauche de luxure de la fête. Toutes ces femmes ne sont que des objets pour une élite machiste et tout va bien tant qu’elles restent à leur place...

 

Notre critique:

Présenté en compétition officielle au Festival du Film Francophone de Namur (où l’actrice Loubna Abidar a reçu un prix pour son interprétation), MUCH LOVED démarre dans le vif du sujet. Crument mais sans vulgarité, le film entraîne le spectateur dans ce monde étrange entre les traditions musulmanes et le plus vieux métier du monde. Un lieu où le voile disparaît mais où la femme n’en demeure pas moins objet de plaisir.

Mais ces femmes sont-elles vraiment une partie de la réalité musulmane? A en croire Nabil Ayouch (LES CHEVAUX DE DIEU), elles sont plutôt un dérivatif à la réalité, un dérivatif à la tradition. Car si les scènes de luxure sont très réalistes, elles sont aussi mises en opposition avec les scènes de taxi pendant lesquelles les femmes, se faisant conduire ou revenant de leur rendez-vous, sont confrontées à une réalité toute autre, celle de la rue dans laquelle elles n’ont (plus) aucune place.

Jamais voyeur, l’objectif de Ayouch rend grâce à la sensualité à fleur de peau de ces femmes, tout en n’oblitérant jamais la dure réalité de ce métier pratiqué en terre musulmane. S’attardant aussi sur leur intégration impossible dans la société, tout le monde sait ce qu’elles font et tout le monde les rejette (y compris leur famille qu’elles aident éventuellement), il ne manque pas de dénoncé l’hypocrisie de cette société-là.

Si le côté glauque n’est souvent qu’effleuré par la caméra pudique de Ayouch, le monde où vivent Noha, Randa, Soukaina et Hilma est pourtant sans pitié, et viols, agressions, mépris ou encore rejet sont leur quotidien, le réalisateur ne manquant pas le faire sentir par petites touches au long de son récit.

MUCH LOVED n’est probablement pas le plus grand film de Nabil Ayouch mais il a au moins le mérite de nous faire entrer dans un monde que l’on connaît mal et de tenter de dénoncer une hypocrisie sans fin que toutes les religion du monde tentent de masquer derrière de faux préceptes du genre: faites ce que je dis mais pas ce que je fais!

 

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