Wo Hu Cang Long
Accueil Critiques Wo Hu Cang Long

Wo Hu Cang Long

par Olivier Guéret
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Tigre et Dragon

Equipe: Ang Lee, Michelle Yeoh, Yun-Fat Chow, Ziyi Zhang
Durée : 119’
Genre: Film d'action
Date de sortie: 18/10/2000

Cotation:

6 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Dans une Chine légendaire, les histoires d'amour se croisent sur fond de combats martiaux et d'une épée. Destinée, tel est son nom, est une arme souple et rapide qui passe pour avoir des vertus magiques et soulève ainsi bien des convoitises...

 

Notre critique:

Le plus américain des réalisateurs taïwanais se penche sur les principaux ferments de son imagination enfantine en revisitant les films d’arts martiaux et les romans d’amour. Cela donne CROUCHING TIGER, HIDDEN DRAGON (Wo Hu Cang Long) une oeuvre dense et populaire, tout à la fois légère, naïve, intense et virevoltante, à l’émotion authentique et aux séquences d’action soufflantes.

Avec ce Tigre Tapi et ce Dragon Caché (traduction littérale du titre), Ang Lee débute peut-être le troisième chapitre de sa filmographie. Après une trilogie consacrée au « père quand il a – toujours – raison » (PUSHING HANDS, THE WEDDING BANQUET & EAT DRINK MAN WOMAN) et un deuxième axe résolument plus américain (SENSE & SENSIBILITY, THE ICE STORM & RIDE WITH THE DEVIL), l’homme retourne à ses racines si tant est qu’il les ait jamais quittées. Effectivement au vu de toutes ses réalisations, du traitement qu’il inflige aux sentiments qu’il met en scène, on peut facilement conclure que contrairement à un John Woo toujours à la recherche de son identité, l’aventure américaine de notre gaillard ne s’est pas soldée par une perte totale de ses origines.

Ainsi on peut aisément tracer la filiation entre ses oeuvres, et même voir en TIGRE ET DRAGON le doublon ‘martial’ de son SENSE & SENSIBILITY. La passion et la raison s’affrontent à nouveau, leurs armes sont juste différentes. Voici l’exemple parfait du film désarçonnant. La pureté des émotions et la naïveté de certains actes et personnages sont emblématiques du cinéma asiatique et de sa culture. Cette charge légère, traditionnelle, voire classique, se traduit par un langage cinématographique fascinant. Les personnages mus par leurs émotions, souvent contradictoires, s’affrontent dans de superbes rixes comme autant de ballets aériens. De branche en branche, de cours d’eau en toit, les attitudes sont félines, les mouvements précis.

Adoptant la philosophie du Wu Tang plutôt que celle de Shaolin, diamétralement opposées, Ang Lee repose ses combats sur la force intérieure et non extérieure de ses protagonistes. Dès lors les femmes croisent le fer avec autant d’agilité et de dextérité que leurs comparses masculins, bousculant quelques règles préétablies. C’est Yuen Wo-Ping qui s’est chargé de la coordination des combats, soulignons que son travail sur THE MATRIX n’a pas révolutionné le monde des effets spéciaux mais a plus simplement contribué à ce que le public accepte de tels ébouriffants mouvements. Tsui Hark, Wong Ching et Yuen Wo-Ping, pour ne citer qu’eux ont popularisé depuis longtemps les asiatiques volants, il n’y a qu’aux Etats-Unis et dans une grande partie de l’Europe (sauf chez Cinopsis et quelques autres irréductibles) que l’on s’étonne encore de voir des acteurs grimper aux murs comme d’autres font leur footing.

Côté acteurs, Chow Yun Fat et Michelle Yeoh retrouvent la voie des productions qui ont fait leur succès. C’est d’ailleurs avec un plaisir que nous avons peine à dissimuler (là, là, il est là OOUUUAAAAIIIIISSSS!) que nous les voyons arborer fièrement leurs parures. Nous ne pouvons taire l’émouvante et complexe prestation de Zhang Ziyi dans un rôle tout aussi physique qu’intériorisé, que nous verrons bientôt dans l’émouvant THE ROAD HOME de Zhang Yimou (on s’y perdrait avec tous ces Zhang-Tang-Pang).

Et puis quoi, ça fait dix ans que Cinopsis grommelle dans son coin rêvant de voir de telles productions sur grands écrans, en dehors du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles ou de nos respectables téléviseurs. Alors fans ou pas, il faut vous précipiter pour voir cette petite merveille, ce régal visuel, cette superbe passerelle entre le cinéma asiatique et le public européen.

 

Ces articles pourraient vous intéresser