Equipe:
Durée : 90’
Genre:
Date de sortie: 27/05/1997
Cotation:
/ 6
Si vous avez manqué le début:
Ludovic est un garconnet persuadé d'être une petite fille. Et ce n'est pas facile à vivre pour ses parents et ses camarades de classe.
Notre critique:
Equilibre.
Voilà bien ce qui caractérise la première réalisation d’Alain Berliner. Equilibre dans le traitement scénaristique d’un sujet casse-gueule, équilibre dans le jeu des acteurs qui restent crédibles en toutes circonstances, équilibre dans le traitement visuel, qui oscille entre échappées oniriques colorées et réalité dramatique qui sombre dans la grisaille.
Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance. Ça vous dit, vous, a priori, l’histoire d’un petit garçon qui aime bien s’habiller en fille, mettre les chaussures à talons de maman, se maquiller, et qui rêve de se marier avec un copain de classe? Rendre avec intelligence toute la gravité de cette crise d’identité, sans tomber ni dans la gaudriole, ni dans la pesanteur démonstrative, n’était pas chose aisée.
La première source de satisfaction provient du scénario, qui insère la problématique de l’identité chez l’enfant, dans le cadre plus large et plus universel d’une réflexion sur le regard de l’Autre face à la différence.
La deuxième se trouve parmi les acteurs, qui sont d’ailleurs, dans l’ensemble, tous à leur place. Avoir choisi Michèle Laroque pour jouer le rôle de la mère de Ludovic mérite mille louanges. Elle est parfaite dans ce personnage de mère de famille dynamique, équilibrée et aimante, qui pourtant verra sa belle maîtrise d’elle-même se fissurer face aux conséquences du comportement de son fils. Sans jamais chercher à défendre son image, Michèle Laroque accepte son personnage jusque dans ses débordements les moins sympathiques et prouve qu’elle est une des plus magnifiques actrices françaises du moment.
Toujours côté acteurs, réjouissons-nous d’avoir dans le rôle de Ludovic un enfant (Georges Du Fresne) qui sait éviter de faire l’enfant-savant tout mignon, comme c’est trop souvent le cas dans les films dont les mômes sont les héros (cf. le dernier Fansten).
Troisième source de satisfaction enfin, la réalisation d’Alain Berliner. Réalisation qui, pour servir un sujet grave, n’hésite pas à être légère et à s’envoler dans le monde imaginaire de Ludovic. Ce mélange de rêve et de réalité déjà propre à Jaco Van Dormael, dont le véritable inspirateur est ici Tim Burton (EDWARD SCISSORHANDS est d’ailleurs cité de la manière la plus explicite par le biais du lotissement où habitent Ludovic et ses parents), donne au film sa tonalité franche, directe et pourtant poétique.
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de ce 50e festival de Cannes, Alain Berliner pourrait bien nous faire le plaisir de revenir avec la Caméra d’Or, qui honore le meilleur premier film.
Quoiqu’il en soit, avec ou sans prix, MA VIE EN ROSE est un film à voir, d’autant que pour un film belge, il a l’irremplaçable qualité de ne pas s’achever sur une plage ostendaise.
P.S.: A un « click » d’ici, il y a une fort sympathique interview de monsieur Berliner. Ca serait bête que vous vous en priviez!