Equipe:
Durée : 101’
Genre: Drame psychologique
Date de sortie: 25/10/2005
Cotation:
/ 6
Si vous avez manqué le début:
Georges et Anne Laurent reçoivent une cassette vidéo montrant en plan fixe leur maison vue depuis une ruelle en face. D'abord interloqués, ils s'interrogent et se demandent qui a fait cela et pourquoi... Mais à la seconde cassette, lentement la peur s'emparent d'eux...
Notre critique:
Dès les premières minutes, Michael Haneke donne les éléments de sa mise en scène et de son récit: caméra fixe, mise en abyme, réflexivité et distanciation vont être au menu de ce CACHÉ qui exploite bien sûr toutes les préoccupations chères à Haneke.
Il exploite et dévoile dans ce film ce que la mauvaise conscience de certains peut générer comme trouble dans des vies bien rangées et bourgeoises. La culpabilité des protagonistes les entraîne sur la pente inéluctable de la destruction. Dans ce sens, l’éclatement du couple Anne-Georges est prévisible (même si il n’aboutit pas réellement) car les cassettes qu’ils reçoivent chez eux vont mettre le doigt sur leurs terreurs intérieures, provoquant bien sûr des actes incohérents ou violents.
Pièce du puzzle par pièce du puzzle, Michael Haneke construit ici un de ses récits les plus achevés, maniant le thriller comme personne, tout en évitant les pièges grossiers du genre. Les cassettes vidéo racontent une histoire dans l’histoire. Elles servent évidemment de catalyseur jouant à la fois sur l’intérêt des personnages mais aussi sur la peur et la tension qui naissent peu à peu dans le couple, le déstabilisant et les culpabilisant. Juliette Binoche et Daniel Auteuil sont brillants, portant ce presque huis-clos sur leur épaules avec aisance. Leur jeu est sobre, très naturel, sans fioritures pour que le quotidien de leur existence soit plus présent.
Filmé en digital HD pour renforcer l’impression de réalisme, CACHÉ est un bijou finement ciselé où chaque image, chaque plan fixe compte. Haneke ne se gêne cependant pas pour y placer comme à son habitude des images chocs et fortes (scène du suicide) pour provoquer et susciter l’émoi du spectateur, le mettant dans un état de déséquilibre dans lequel il est susceptible de mieux réfléchir au message passé dans le récit. Du très bon cinéma…