Parole aux exploitants – Le Cinéma Plaza Art
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Parole aux exploitants – Le Cinéma Plaza Art

par Kévin Giraud

Propos recueillis par Kévin Giraud

En pleine rénovation mais toujours actif malgré le contexte difficile de 2020, le Plaza Art se réinvente pour mieux accueillir à nouveau son public dès l’année prochaine. Avec son programmateur Samuël Tubez, nous revenons sur l’histoire de ce cinéma montois aux multiples facettes.

Comment est né le Plaza Art ? Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet?

Le cinéma Plaza existe depuis de nombreuses années, et plus précisément depuis 1994 sous sa forme actuelle de cinéma art & essai, avec une ligne éditoriale orientée vers la qualité, vers le cinéma d’auteur en version originale, majoritairement européen. Depuis 2016, l’établissement est fermé pour rénovations, nous occupons donc la salle de l’auditorium Abel Dubois à Mons, qui abrite notamment les locaux de la RTBF, dont Classic 21 par exemple. En 2021, c’est un tout nouveau cinéma qui ouvrira ses portes rue de Nimy, comptant quatre salles complètement équipées.

Vous nous parliez de cinéma européen et d’art et essai, comment sélectionnez-vous vos films ? 

Avec beaucoup de soin, bien sûr. Pour moi, c’est très important de visionner un maximum de films. Pour cela, j’écume les festivals, j’assiste aux visions de presse. L’important est de voir la plupart de ces films sur grand écran, en contexte, en salles. Ce n’est pas toujours possible, on travaille aussi avec des liens envoyés par les distributeurs avec qui on est en contact constant. Au-delà de ça, il faut rester au courant de l’actualité, toujours aux aguets. C’est un vrai travail de sélection, et ensuite vient le travail de négociation avec les distributeurs pour le choix des films. Nous sommes soutenus par le Centre du Cinéma de la FWB, et on est membre du réseau Europa Cinémas. Cela nous permet également de montrer de nombreuses pépites, de découvrir des auteurs montants, bref, de pouvoir offrir à notre public un cinéma de qualité un peu moins connu, mais bourré de talents. 

Cette recherche et cette programmation, c’est votre tâche ou est-ce collégial dans l’équipe du Plaza ? À quoi ressemble-t-elle ?

L’équipe est chapeautée par Jean-Paul Deplus, notre président administrateur, puis vient notre équipe technique, trois projectionnistes qui se relaient, un responsable billetterie, parfois aidé d’étudiants, une responsable administrative et côté programmation pure, cela est de mon ressort. Mais notre programmation se constitue également de séances scolaires, et d’un volet pédagogique et de médiation, pris en charge par mes collègues Laurine et Bérénice, qui est aussi notre chargée de com’. Nous sommes huit en tout à faire tourner l’ASBL et le cinéma. 

Vous parliez d’un volet pédagogique, et l’on peut également découvrir une longue liste de partenariats sur votre site web. Comment est-ce que vous vous intégrez dans le paysage culturel montois ? 

Actuellement, on fait un gros travail sur l’éducation permanente, avec les écoles de la région notamment. Par ailleurs, nous menons de nombreuses actions avec les institutions culturelles montoises, autour d’expositions, avec des musées, avec des ciné-clubs. En 2021, les ciné-clubs existants seront remaniés avec le nouveau cinéma, et nous avons de beaux projets en cours. Tant bien que mal, on a lancé le projet «  Art sur toile » entre les deux confinements, un ciné-club qui met en avant des disciplines, des courants artistiques ou des artistes en lien avec des expositions de la région. Nous avons pu inviter des slameurs qui ont réalisé une prestation sur scène autour du film Rester vivants avec Michel Houellebecq et Iggy Pop, par exemple. Pour la suite, on a déjà prévu une projection en lien avec l’exposition Roy Lichtenstein, qui devait ouvrir en octobre. Dans ce cadre, on a la chance de pouvoir offrir un ticket combiné projection + exposition, avec visite guidée. C’est ce genre de synergies qu’on recherche, des partenariats pour se lier à l’actualité locale, et être au cœur du tissu culturel du centre-ville, et de ses traditions comme la Ducasse, par exemple.

Quel est votre meilleur souvenir au Plaza ? 

En tant que spectateur, je côtoyais déjà les salles montoises et le Plaza, où j’ai pu découvrir REQUIEM FOR A DREAM en 2000. Ça a été un choc, j’en suis sorti sans voix, et c’est ce genre de choc cinématographique qui vous donne envie de découvrir les films en salles. Quand vous sortez de la projection d’un film comme celui-là, vous n’êtes pas le seul à réagir de cette manière, c’est une expérience collective. En tant que programmateur, cela ne fait qu’un an au Plaza car j’y occupais auparavant une fonction de secrétaire. Cela dit, il y a un an quand j’ai débuté sur ce poste, j’ai eu la chance d’accueillir César Diaz pour son film NUESTRAS MADRES, son premier long-métrage qui avait touché toute l’équipe. Ce fut un très beau moment avec une très belle personne, quelqu’un de très disponible, passionné et passionnant avec une belle histoire. Un de mes premiers choix en tant que programmateur, un excellent souvenir pour moi. 

Avec la crise sanitaire actuelle, comment réussissez-vous à garder le contact avec votre public ? 

Après deux confinements, dont un est encore en cours, c’est dur. Le premier confinement a cassé notre routine fraîchement établie, il a fallu rebondir et trouver des alternatives. En mars, nous avons adhéré au projet de la plateforme Ciné chez vous, ce qui nous a permis de garder contact avec notre public en proposant des recommandations. Pour ce deuxième confinement, on essaie de remettre des choses en place, malgré une position de l’équipe assez établie sur la VOD. Notre but, c’est de promouvoir la rencontre, l’expérience en salles, les échanges. Malgré tout, on a totalement adhéré à l’initiative Ecran large sur tableau Noir du distributeur Le Parc, proposant des « CinéPilou », des séances familiales de cinéma à la maison. La démarche d’accompagnement et de présentation nous a séduite, elle se rapproche de ce que nous souhaitons mettre en avant, et de notre ADN en tant que cinéma. On tente de garder le contact avec le public, malgré tout.

Comment pouvons-nous vous soutenir en attendant la réouverture ?  

Continuez à nous suivre sur les réseaux, achetez des places pour le CinéPilou. Nous venons également de lancer des formules « Place-cadeau » pour les fêtes, à un tarif très intéressant. Ces places seront valables dès la réouverture, en janvier on l’espère, et pourront bien sûr aussi être utilisées lorsque le tout nouveau cinéma ouvrira ses portes, un peu plus tard dans l’année.

Cette entrevue est également disponible sous forme d’un podcast ici: