Réservation pour le 15 juillet faites (impossible de réserver l’animé BELLE de Mamoru Hosada, complet dès 7h03), il est temps de filer vers 8h pour enfourcher mon vélo et descendre en vitesse au GTL pour voir le nouveau Nanni Moretti, TRE PIANI.
Le film pourrait être sous-titré « troubles à tous les étages d’un immeuble bourgeois »! En effet, Moretti embarque d’emblée le spectateur dans le tourbillon des problèmes de chacun de ces familles dont la santé financière dépasse de loin la santé mentale. Car, comme d’habitude chez Moretti, le cinéma est ici essentiellement un moyen d’aborder des sujets de société au travers de personnages aux caractères complexes et aux motivations souvent troubles.
TRE PIANI n’est pas un grand Moretti mais on retrouve sa mécanique de scénario (souvent très directe) et ses préoccupations face au fonctionnement d’une certaine bourgeoisie. Les sujets abordés sont nombreux: pédophilie, abus de mineurs, bourgeoisie, adultère, etc.
A 10h30, pour corser mes journées – et faire bouger ma graisse, je retourne à Vallauris ayant un creux jusque 16h30 pour le film suivant. L’occasion d’écrire et de manger un peu moins sur le pouce. Et oui, avec les années, on finit par aimer son confort petit bourgeois (référence au film de Moretti du matin).
Re-descente rapide (je n’arrive toujours pas à être en-dessous des 13 minutes) et après avoir attaché mon vélo au parking vélo devant Debussy (je vous le conseille, c’est très sûr vu que vous avez en permanence 2 cars de CRS à 50 m de là!), je file à la salle du Soixantième pour le documentaire de Cyril Dion (DEMAIN), ANIMAL qui suit 2 jeunes adolescents dans leur quête de la compréhension de ce que nous pouvons faire pour éviter un avenir plus que douteux pour l’humanité et la planète. Ne serait-ce pas parce que nous avons depuis un certain temps déjà renoncé à notre animalité et donc au respect des autres animaux, nos égaux?
ANIMAL est un documentaire intéressant et le choix de faire parler les deux adolescents met en lumière à la fois la naïveté de cette génération et leur volonté de s’impliquer pour sauver leur planète. Toutefois si le doc pointe de ci-de-là, notre propension à ne pas considérer l’homme comme faisant partie de la nature, il ne donne pas de solution pour changer cet état de fait mais se penche sur les recettes que l’on utilise dans chaque domaine (plastics, extinction des espèces, sur-pêche, etc) pour tenter de résoudre le problème à sa base: changer l’esprit de l’humain. Dommage.
Après ANIMAL qui finit à 18H30, je me précipite vers le centre de test Covid car j’aurai besoin d’un test valide pour une vision le lendemain et mon ancien test datant du 11 ne sera plus valide. Donc re-crachats et résultats attendus pour dans 6h. La routine quoi.
Ensuite, direction salle Bazin dans le Palais (donc présentation du passe sanitaire et du badge et du ticket, la totale!) pour voir un des films très attendu de Cannes 2021, le nouveau Wes Anderson, THE FRENCH DISPATCH, présenté en compétition.
Avec un casting à faire pâlir d’envie n’importe quel directeur de casting au monde: Owen Wilson, Thimothée Chalamet, Elizabeth Moss, Benicio Del Toro, Léa Seydoux (elle est dans 4 films à Cannes!), Edward Norton, Frances McDormand, Willem Dafoe, Christophe Waltz, Adrien Brody, Bill Murray et l’on en passe et des meilleurs, THE FRENCH DISPATCH est peut-être justement trop un plaisir d’acteurs et pas un plaisir de spectateurs.

Anderson fait un film qui parle d’un journal (The French Dispatch) et de ce qu’il raconte comme info en provenance de France. En fait c’est une illustration de certains articles du journal mise en scène avec tout le talent de Wes Anderson. Le film est une déception car on a l’impression que le réalisateur s’auto-caricature plus qu’il n’invente un nouveau modèle narratif. Mais bon, on prend un certain plaisir à voir défiler ces interprètes, tous et toutes plus fabuleu.x.ses les unes que les autres.
Toujours en salle Bazin (on ne sort donc pas du Palais), je me prépare à un des films fantastiques du Festival, THE INNOCENTS de Eskil Vogt, présenté dans la section un Certain Regard. Le film raconte l’histoire d’un groupe de 4 enfants, 3 filles et un garçon, doués de pouvoirs télékinésiques et télépathiques, qui habitent dans une sorte de cité dans une ville en Norvège.

Très graduel dans sa progression fantastique, THE INNOCENTS a également une approche très originale de ce type de fantastique mêlant un lieu très réaliste, contemporain, et des personnages enfants qui expérimentent pour la première fois leurs immenses dons. On pense directement au film suédois MORSE de Tomas Alfredson qui mêlait quant à lui le mythe du vampire avec un environnement très réaliste et contemporain.
Le film prend son temps (il fait 2h15) et c’est plutôt bien car l’immersion au lieu et aux jeux de pouvoir (au sens propre) des enfants est très importante pour que le spectateur vive réellement ce que vivent les enfants.
Il est environ minuit et quart lorsque je remonte sur mon vélo et regagne mon lit car demain le lever sera de nouveau à 7h pour faire mes réservations du 16 juillet.
IL fait toujours chaud pour l’instant à Cannes et demain matin, le soleil se lèvera à nouveau sur le Palais des Festivals.