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Cannes 2021 Jour J+5 : des nouvelles du palais

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Dimanche 11 juillet. Cela fait seulement 5 jours que le Festival de Cannes a commencé et comme d’habitude, j’ai l’impression d’être là depuis toujours. Les routines s’installent: visions, tests, écriture, repos, rencontres, etc.

7h02. Faire les réservation pour dans 72 heures. En clair pour le 14 juillet, fête nat’ française. Tout marche bien (informatiquement) mais depuis le changement de 48h vers 72h d’avance pour les réservations, je tente -en vain- de rattraper des films manqués.

Douche rapide, et descente sur Cannes en vélo toujours en 13 minutes. Je pense qu’il me sera difficile de faire mieux sans me planter. Et j’arrive pile poil pour me diriger vers la salle du Soixantième pour voir COMPARTMENT Nº6, un film chinois de Juho Kuosmanen.

Le film suit une jeune finlandaise, Laura, venue en Russie pour perfectionner son russe. Elle vit en coloc dans l’appartement de Irina qui est devenu sa petite amie. Elles doivent partir ensemble voir les pétroglyphes de Mourmansk mais Irina décline au dernier moment. Laura se retrouve seule dans le train couchette en direction de Mourmansk. C’est là qu’elle rencontre un jeune russe un peu brut de pomme…

Laura et Vadim dans leur compartiment numéro 6

Voilà un film qui s’apprécie vraiment sur la longueur. Les personnages sont très bien dépeints et peu à peu on se prend au jeu du chat et de la souris entre les deux occupants du compartiment. Feel good movie, COMPARTMENT Nº6 donne plutôt la pêche même si il y a dans cette histoire d’amour des moments plus dramatiques.

Pas de temps de repos car je dois aller faire mon troisième test Covid chez Biogroup (qui sont redoutablement efficaces) afin de rentrer dans le palais entre deux films en fin d’après-midi. 5 ou 6 petits crachats plus tard, je suis en super forme pour retourner en salle du Soixantième et voir DE SON VIVANT d’Emmanuelle Bercot avec Benoît Magimel et Catherine Deneuve.

Film sur les soins palliatifs, cette fiction qui est presque un documentaire parle de la méthode du Dr. Gabriel Sara (qui joue le Dr. Eddé dans le film) pour accompagner les malades de cancer en fin de vie. Le film est un vrai mélodrame médical qui n’offre aucun échappatoire ce qui peut expliquer en partie le désaveu d’un certain nombre de journalistes. Et ce côté presque reportage donne au film un caractère démonstratif renforcé par le jeu des différents acteurs.

Benjamin (Benoît Magimel) et le Dr. Eddé (Dr. Gabriel Sara)

Ce serait pourtant une erreur de jeter le bébé avec l’eau du bain car il y a, dans DE SON VIVANT, des enseignements qui font sens (sur l’accompagnement de mourants) et des moments d’émotions (trop appuyés certainement) qui ne manquent pas de sensibilité.

Le film se termine vers 13h ce qui me laisse un peu de temps pour manger et faire un peu d’écriture avant d’aller rejoindre le GTL avant 15h pour le film japonais de Ryusuke Hamaguchi, DRIVE MY CAR. On doit notamment au réalisateur l’excellent ASAKO I & II.

DRIVE MY CAR raconte l’histoire de Nishijima Hidetoshi, un réalisateur/acteur qui vit avec une femme dramaturge avec qui il échange beaucoup sur son métier et partage notamment les idées de scénario. Mais un jour sa femme disparaît.

Film lent de 3h, DRIVE MY CAR nous fait rentrer dans le processus de création des oeuvres et dans la tête d’un créateur. Les liens entre les personnages sont très présents et orientent complètement le récit. La relation entre le réalisateur et son chauffeur, une jeune femme à la vie compliquée, va être au centre du film (d’où le titre) alimentant une grande partie de la narration.

Une fois immergé dans l’histoire, on ne voit pas le temps passé et l’intérêt grandit peu à peu pour les différents personnages jusqu’au final révélant le lien psychologique qui unit le chauffeur et le réalisateur.

Toute l’équipe du film était présente lors de la projection et a été largement applaudie à la fin.

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L’équipe de Drive my car à l’issue de la projection

Il est plus ou moins 18h30 lorsque l’on sort du GTL et il me reste un dernier film pour clôturer cette journée plutôt intéressante.

A 20h donc, projection pour Cannes Première de EVOLUTION, film du hongrois Kornél Mundruczó qui nous avait offert le merveilleux PIECES OF A WOMAN présenté à Venise l’année dernière ou encore JUPITER’S MOON en 2019 à Cannes.

EVOLUTION retrace en trois époques (le direct après-guerre, la génération suivante, la 2e et 3e génération) l’évolution des gens face à la guerre 40-45 et aux massacres qui ont eu lieu à ce moment-là.

Tournée presque en plan séquence, la première époque est une véritable claque dans la figure qui vous prend à la gorge dès les premières images et vous étouffe jusqu’à la dernière. Les autres époques même filmées plus sereinement et moins surréalistes sont assez étonnantes et ce n’est qu’au bout des 3 époques que l’on prend la portée du message d’ensemble de Kornél Mundruczó. Il nous démontre en image comment peu à peu les mentalités, la mémoire, les rancoeurs diminuent, et comment (heureusement) l’être humain s’adapte à la nouvelle donne sociétale.

Evolution

EVOLUTION est un film qui frappe fort à la vision mais qui prend son sens après digestion, plusieurs heures ensuite, sans doute le temps que les images chocs aient impacté notre cerveau.

Enfin, une sortie un peu plus tôt dans la soirée (22h40) ce qui va me permettre d’augmenter ma moyenne de sommeil au-delà des 5h30.

Il fait chaud et la ballade en vélo pour retourner dans les hauteurs de Cannes permet de faire bouger des muscles endoloris par les nombreuses heures en salle.

Demain, il est plus que certain que le soleil se lèvera sur Cannes.

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