Jeudi 23 mai. Debout vers 7h30, je me dirige sous un soleil un peu pâle vers le théâtre du Soixantième pour assister à la projection de ROUBAIX, UNE LUMIERE d’Arnaud Desplechin.
Ce dernier film du réalisateur français est à contre-courant de ce qu’il fait d’habitude puisqu’il s’agit plus d’un film de genre, un polar qui se passe à Roubaix. Le film est un entre deux entre polar et social et si les procédures policières sont très détaillées, il passe à côté de la vision sociale qu’il veut donner de Roubaix. Enfin l’intrigue policière est bien trop elliptique pour rester intéressante.
A peine sorti, je me dirige vers la conférence de presse de Xavier Dolan et son équipe pour MATTHIAS ET MAXIME. Comme toujours, les échanges éclairent bien le film et Dolan confirme largement que c’est pour lui un film de transition qui lui permet d’adoucir son style, de diminuer l’hystérie de ses personnages mais surtout un film d’amis, de potes depuis des années.
On le croit aisément surtout lorsque l’on voit à quel point l’équipe est soudée et surtout à quel point les « private joke » fusent entre eux lors de cette conférence.
La fin du Festival approche, le marché a fermé ses portes, on a un peu plus de temps, on profite donc d’aller faire un tour à L’Avion pour manger un repas presque normal (Saumon Airbus et Tiramisu Nutella). Pour favoriser la digestion, rien de tel qu’une bonne marche vers l’espace Miramar pour assister à la projection du Grand Prix Nespresso, J’AI PERDU MON CORPS. J’avais manqué ce film d’animation lors de son passage le 17 mai.
Pas de problème pour rentrer même si la salle n’est pas très grande. Le film de Jérémy Clapin présenté en semaine de la Critique raconte une simple histoire d’amour mais avec un scénario subtil et des choix de points de vue très réussi. L’animation est fluide, le choix des couleurs impeccable, en un mot, un vrai plaisir pour les yeux! Espérons que le film trouve un distributeur en Belgique!
Tranquille retour vers l’appartement pour faire un peu d’écriture, boucler une nouvelle critique et la chronique du jour, tandis que l’on se prépare pour le MEKTOUB MY LOVE: INTERMEZZO de 22h en salle Debussy. 3h38 selon les dernières infos (les documents officiels du Festival annonçait 4h) avec quelques infos très « chaudes » qui commencent à filtrer.
20h45 départ de l’appartement pour être sur place un peu avant 21h, bien que l’on se doute qu’il y aura moins de monde sachant que le film se finira vers 1h40 du matin.
MEKTOUB MY LOVE: INTERMEZZO est donc la suite de MEKTOUB MY LOVE: CANTO UNO du réalisateur de LA VIE D’ADELE, Abdellatif Kechiche. Depuis LA VIE D’ADELE, ses films ont acquis un certain caractère sulfureux et son talent de créateur d’images le précède. Pour le sulfureux, il semble que INTERMEZZO comporte une scène de cunnilingus entre Ophélie et un des acteurs qui durerait 15 minutes. Inutile de dire que la Croisette est quelque peu en émoi.
22h et le film commence en même temps en Debussy où il n’ ya pas pas beaucoup de monde puisque le balcon n’est même pas ouvert et dans le GTL. Dans le GTL, l’équipe du film est au complet mais Ophélie Bau, l’interprète principale, s’en va en cours de séance. Il semble qu’un différend l’oppose à Kechiche, ce dernier n’ayant pas voulu lui montrer la scène de 15 minutes avant de présenter le film. Est-ce la cause du différend? Difficile à dire. En tout cas, il semble bien, selon les producteurs, que Kechiche n’a pas voulu montrer la scène à la jeune fille.
Le film commence et l’on a droit à 40 minutes ininterrompues de drague de plage avec les acteurs du précédent film et une petite nouvelle Marie Bernard. C’est à la limite du supportable tant c’est répétitif même si les acteurs et actrices sont charmant.e.s. Les dialogues sont à peine digne d’une psychologie de comptoir.
Et puis commence 1h45 de scènes dans une boîte de nuit où le twerk possède les corps en transes des jeunes filles, tandis que des dialogues à peine audibles sont égrenés avec les sourires entendus des protagonistes. Fatigue, sueurs, sexualité, drague lourde, rien ne nous est épargné et peu à peu des gens quittent la salle tandis que ceux qui restent échangent des regards gênés ou semi-goguenards. C’est quasiment insupportable…
Puis la scène de sexe oral non simulée (cela a été également confirmé par le producteur) a lieu dans les toilettes de la boite de nuit (ce qui en passant nous épargne la danse et la musique) pendant une douzaine de minutes. C’est cru, pornographique et passablement gênant pour les spectateurs.
Mais Kechiche ne s’arrête pas là (le film fait 3h38 rappelons-le!) et l’on repart dans la salle principale de la boîte de nuit pour une nouvelle épreuve de 45 minutes (soit 2h30 au total!).
Le film se finit sur une scène dans un appartement où deux corps nus, Amin et une autre fille se réveillent. L’écran devient noir et aucun générique ne vient ensuite.
Inutile de dire qu’à la sortie à 1h45 du matin, la controverse est totale. D’aucuns crient au génie et beaucoup sont furieux et en rage de s’être faits agressés pendant plus de 3h. Les conversations de fin du festival risquent bien de tourner autour de MEKTOUB MY LOVE: INTERMEZZO.
Et demain, le soleil sera timide derrière une couche de nuages qui décidément ne veut pas quitter la croisette cette année.