Dimanche 19 mai. Aux alentours de 5h du matin. J’émerge d’un brouillard de 3h à peine de sommeil. Plus ou moins réveillé par des bruits divers, les hurlements d’un des collocs achèvent de me faire sortir des vaps. Puis soudain, un bruit obsédant arrive à mes oreilles: « ploc, plic, ploc, … ». Je me lève pour aller dans l’autre pièce constater l’ampleur des dégâts et voir un autre des collocs en slip éponger notre nouveau dégâts des eaux.
Après cet épisode cauchemardesque si il en est (surtout pour le colloc en slip), et l’arrêt de la douce musique des gouttes d’eau, il est temps pour nous d’essayer de dormir encore une petite heure et demie avant d’aller à la première vision de la journée: CHAMBRE 212 de Christophe Honoré. Réveil difficile, douche de circonstance et direction le Debussy.

CHAMBRE 212 est donc le nouvel Honoré proposé dans la section Un Certain Regard. Récit sur le couple et ses déboires après 25 ans de vie commune, le film est léger, intelligent et profond à la fois, un vrai plaisir de mise en scène avec un beau casting. On prend plaisir aux dialogues très cinglants et drôles et Honoré nous surprend souvent aux détours de son récit.
Un peu fatigué par la nuit, je me réfugie dans la salle presse du Festival pour écrire un peu et me reposer avant la longue file qu’il risque d’y avoir pour le Terrence Malick de 13h. Non pas que je sois fan de Malick, car même si j’aime ses premiers films jusqu’à THE THIN RED LINE, j’ai été déçu ensuite par sa vision religieuse et mystique de la Nature qui ne correspond pas à la réalité de cette dernière.
Donc dès midi, je me glisse dans la file des badges jaunes, déjà bien remplie pour la vision de A HIDDEN LIFE en compétition dans la sélection officielle.

Rentré sans trop de problèmes, je me prépare pour les 3 heures de film. Le sujet est inspiré de faits réels (dixit un intertitre avant le film) et retrace le parcours d’un jeune paysan autrichien et de sa famille entre 1939 et 1944. Scènes interminables, musique orchestrée, appuyée, références à Dieu toutes les quinze minutes avec une accélération dans la dernière heure, Nature présente et déifiée, on a là tous les tics et les TOCs de Malick depuis plusieurs années déjà. Bien sûr le sujet aurait pu être intéressant, bien sûr Malick sait filmer, bien sûr la photographie est superbe, mais, bon Dieu, que c’est long et lourd… 1h30 aurait été suffisante, mais 3h…
Epuisé par cette vision, je rentre à l’appartement, non s’en avoir pris un panini à 5 euros dans un des kiosques de la Croisette. Il faut se sustenter même si c’est à n’importe quelle heure!
Après un peu d’écriture, je me relance à l’assaut de la salle Bazin (où je ne suis encore jamais parvenu à rentrer!) pour le film de Céline Sciamma qui a une très bonne côte auprès des journalistes qui l’ont vu. Le film est à 22h15, je pars donc à 21h pour être certain d’accéder.

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU parle de la rencontre de deux femmes, une peintre et une jeune fille sortie du couvent au 18e siècle. La peintre est appelée pour faire -sans qu’elle le sache- le portrait de la jeune fille qui sera envoyé à Milan à son futur mari. Magnifique film, avec un casting presque exclusivement féminin, PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU parle d’amour et de l’amplitude de l’amour tant physique qu’intellectuel. Une réussite qui pourrait bien donner aux deux interprètes féminines un prix…
Minuit trente, fatigué, on sent le réveil temporaire de cinq heure du matin… Mais demain, le soleil se lèvera à nouveau sur Cannes…