Samedi 18 mai. Après une très courte nuit (5h), course (si, si) vers la salle du Soixantième pour rattraper le Pedro Almodovar, DOLOR Y GLORIA que la critique semble globalement fort apprécier.
DOLOR Y GLORIA raconte les déboires d’un réalisateur homosexuel vieillissant qui tente de renouer avec son passé. Mais c’est surtout le film le plus personnel à ce jour d’Almodovar qui a confié à Antonio Banderas le soin de l’incarner à l’écran. Récit de fiction mais récit qui l’on s’en doute met à l’écran tous les questionnements personnels d’Almodovar, DOLOR Y GLORIA est un film parfaitement maitrisé qui bénéficie d’une remarquable interprétation de Banderas. Ce ne sera pas étonnant de le voir recevoir un prix d’interprétation pour ce rôle…
Au sortir de la salle, pour une fois, pas de course de 100m puisque le film suivant TOO OLD TO DIE YOUNG de Nicolas Winding Refn (DRIVE, THE NEON DEMON) est dans la même salle. Parfois ça fait du bien de cesser d’arpenter la Croisette en tout sens et de se poser plus longtemps au même endroit.
Série de 10 épisodes qui sera proposée sur Amazon au mois de juin, TOO OLD TO DIE YOUNG, présenté à Cannes, correspond aux épisodes 4 et 5, mais aux dires même de Nicolas W. Refn, les 10 épisodes sont en fait un film de plus de 16h. C’est en tout cas ce qu’il a essayé de faire pour le streaming d’Amazon.
Plongée dans l’univers d’un détective de L.A., le film/série est l’occasion pour Refn de sortir toute la panoplie de son univers si caractéristique: sexe, violence, polar, jeux de lumière, plans quasi statiques, personnages borderlines, etc. Si rentrer dans la série n’est pas facile, une fois que l’on est dans l’univers de TOO OLD TO DIE YOUNG, il est difficile d’en sortir!
Pour compléter la vision de TOO OLD TO DIE YOUNG, rien de tel que d’aller voir la conférence de presse qu’il donne quelques dizaines de minutes plus tard avec son équipe: l’acteur Miles Teller (WHIPLASH) et son monteur Matthew Newman (DRIVE, THE NEON DEMON). Pour cela, à nouveau pas plus d’une cinquantaine de mètres pour rentrer dans le Palais vers la salle des conférences de Presse.

Il transparaît rapidement de l’échange de question que Nicolas Winding Refn est un réalisateur très intelligent mais surtout que sa curiosité en matière d’images est insatiable. Et il se permet -à Cannes- de mentionner que l’avenir de l’image passera par le streaming même si le cinéma restera une des façons de consommer de l’image. Que du bon sens même si Cannes a un peu de mal à l’admettre (voir les relations tendues avec Netflix et le streaming en général). On apprend aussi du monteur attitré de Refn, Matthew Newman, que le réalisateur Danois retravaille constamment son script alors qu’il tourne, ce qui lui donne une grande flexibilité pour intégrer des éléments du quotidien ou d’actualité dans ses films.
Fin de la conférence et après avoir été à l’appartement qui a subit hier dans la journée un dégât des eaux trempant la cuisine et un des lits (vous imaginez le topo dans du 25m2), je tente ALICE ET LE MAIRE au théâtre de la Croisette. Sans succès… No comments. Les gérants de la file faisaient rentrer tout le monde indépendamment des accès de la presse. Sur le chemin, on croise une voiture faisant de la pub pour de la vodka, c’est ça aussi Cannes.

Retour à l’appartement pour terminer d’écrire la chronique d’hier avant d’aller voir FAMILY ROMANCE à 20h, le dernier film de Werner Herzog. Le film raconte le travail d’un homme qui, au Japon, remplace sur demande les proches, les amis, la famille. Un service pour le moins étrange. Herzog est sur scène avec sa femme et son fils pour présenter rapidement le film.

Le film est assez émouvant et oscille entre fiction et documentaire posant des questions fondamentales sur ce service particulier tout en nous proposant une carte postale tendre du Japon moderne.
21h30. Il est temps de faire l’avant dernier film de la soirée avant la séance de minuit: LA GOMERA. Film roumain de Corneliu Porumboiu, LA GOMERA (Les Siffleurs) est un polar décalé avec de bonnes idées, un scénario assez simple (sans être simpliste) mais une narration découpée en chapitres (liés aux personnages) qui malheureusement complique inutilement le film au lieu de le dynamiser.
Sortie à minuit dix alors que la séance de minuit au GTL commence soi-disant à minuit quinze (il faut dire que LA GOMERA avait au moins 15 minutes de retard!), mais avec un de mes confrères, on décide tenter le coup. Il faut dire que LUX AETERNA de Gaspar Noé mérite l’attention même si l’on s’attend à peu de choses de ce moyen métrage de commande pour la maison Yves Saint Laurent.

La foule s’est déplacée en masse et le GTL est plein à craquer quelques minutes avant le début du film. L’atmosphère est, comme les aime Noé, chauffée à blanc tandis que Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg s’installent à leur place.

Le film commence par une citation en intertitre, et il y en aura d’autres attribuées à Jean-Luc, Carl Th., Rainer W., etc, puis par un dialogue improvisé en split screen entre Dalle et Gainsbourg, très drôle. Ensuite la descente aux enfers du spectateur commence, puisque l’on assiste à 50 minutes d’expérimentation qui ne fonctionnent pas et qui accumulent les erreurs basiques de point de vue tout au long des split-screen. Les derniers dix minutes étant le moyen de tuer tous les épileptiques dans la salle (éclairées en stroboscope). Immense déception donc pour ce ratage qui, espérons-le, ne se transformera pas en long métrage comme certains l’ont annoncé.
2h du matin. Furieux, je vais dormir une longue nuit jusqu’à 7h30 demain pour voir CHAMBRE 212, le Christophe Honoré.
Et demain, le soleil ne se lèvera pas sur Cannes puisque la pluie sera au rendez-vous…