Accueil Potins Cannes 2019 J+10: nouvelles du Palais

Cannes 2019 J+10: nouvelles du Palais

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Vendredi 24 mai. Après les échanges tardifs sur l’Abdellatif Kechiche vers 1h30 du matin, plus le compte rendu une fois arrivé à l’appartement pour ceux de la colloc qui n’étaient pas aller le voir, c’était une journée qui s’annonçait plutôt calme pour moi avec probablement 2 ou 3 films mais pas plus.

A 8h30 à la salle du soixantième, IL TRADITORE (Le Traitre en français) de Marco Bellochio, film sur un épisode particulier de la Cosa Nostra, propose en près de 2h25 de se centrer sur la vie de Tommaso Buscetta, un membre de l’organisation criminelle qui décida de devenir informateur dans les années 80, semant ainsi un vent de panique et des arrestations très nombreuses en Italie.

Film bien documenté, montrant les influences de la Cosa Nostra sur la vie politique, passant en revue bien des fait dramatiques survenus à l’époque (notamment l’assassinat terrible du juge Falcone), IL TRADITORE est une oeuvre d’excellente facture très réaliste et particulièrement bien interprétée par Pierfrancesco Favino dans le rôle de Buscetta. Cependant, à la sortie, je doute très fort que ce film en compétition de la sélection officielle ne soit récompensé.

Il est plus ou moins 11h lorsque je sors. La conférence de presse du Kechiche est à 11h45, mais je dois avouer que je n’ai pas très envie de voir le pugilat qu’il pourrait y avoir si jamais les échanges entre presse et le réalisateur deviennent tendus. Je me dirige donc pour finir dans la salle de la Terrasse Presse d’où je pourrai écrire et en même temps écouter (et voir sur les écrans télé) plus calmement la conférence.

Pendant que j’écris la critique de MEKTOUB MY LOVE: INTERMEZZO, je vois Abdellatif Kechiche essayer justifier sa position sur son film. Il dit tout et son contraire et tente de faire passer le film pour un hommage à l’impressionnisme et au cubisme, de justifier ses plans sur la beauté des corps, de dire que ses interprètes sont formidables (mais il leur interdit de parler de la façon dont le tournage se passe) ou encore de dire aux personnes présentes qui le photographient avec des portables que c’est inadmissible, car si on le prend en photo il faut le faire avec du bon matériel. Choses intéressantes qu’il confirme, le film est bien pour lui un intermède, un entracte entre Canto Uno et Canto due et c’était bien sa volonté de déconstruire les codes de la narration, de radicaliser son film pour quitter les sentiers battus du cinéma. Un seul moment un peu tendu, lorsqu’un journaliste pose une question: qu’a-t-il voulu dire à la fin de la séance au GTL quand il s’est excusé publiquement et qu’il a quitté immédiatement la salle ensuite? Le journaliste n’obtiendra pas de réponse à sa question…

Je quitte la Terrasse et passant à côté de la salle de conférence de presse au moment de la sortie, j’en profite pour prendre en photo les interprètes de MEKTOUB. Très souriants, tous charmants, ils évitent les questions sur l’absence d’Ophélie Bau au photo call et à la conférence de presse. La plupart des journalistes sont plutôt inquiets pour elle mais comprennent qu’elle préfère éviter l’arène cannoise après la scène de sexe explicite qu’elle a tournée dans le film.

une partie des interprètes de MEKTOUB MY LOVE: INTERMEZZO

Il nous faudra donc oublier cet « intermède » et espérer plus tard que « Canto Due » permettra à Kechiche, bon réalisateur par ailleurs, de renouer avec le succès public et critique.

On sent que la fin du Festival approche et peu à peu nous retrouvons un peu de temps pour manger. Direction L’Avion avec quelques confrères pour un petit repas tranquille avant d’entamer l’après-midi.

Au sortir du déjeuner, c’est une petite séance d’écriture qui se profile à l’horizon. Et, alors que j’avais prévu d’aller voir SYBIL, le nouveau Justine Triet avec Virginie Efira à 18h15, je me décide finalement pour IT MUST BE HEAVEN à 16h30 (ce qui rendra difficile le raccord entre les deux). Pas grave, je rattraperai SYBIL à mon retour en Belgique.

Elia Suleiman est un réalisateur Palestinien à l’humour très décalé qui propose cette fois-ci de se balader de par le monde pour y voir ce qu’il y a de mieux. Et il faut bien le dire, IT MUST BE HEAVEN est très drôle, avec toujours un message politique sous-jacent. Fluide, sa mise en scène est particulièrement jouissive et le public du GTL ne s’y trompera et lui fera un triomphe.

Elia Suleiman en chapeau de paille au centre d’une standing ovation au GTL

Fin de Festival oblige, nous avons planifié (mes collocs et moi) de s’offrir un bon restaurant qui devrait compenser 11 jours de malbouffe. Nous avons jeté notre dévolu sur Le Grain de Sel, suite à une recommandation de ma fille. La conversation à table tourne bien sûr autour du cinéma comme de coutume à Cannes et les plats sont à la hauteur de la recommandation.

Fin du repas vers 21h15 et nous nous séparons, certains allant à la projection de la version de RAMBO – FIRST BLOOD restaurée, d’autres rentrant chez eux.

THE GANGSTER, THE COP AND THE DEVIL avec Dong-seok Ma

Je me décide au dernier moment pour un dernier film, THE GANGSTER, THE COP AND THE DEVIL, un polar coréen hors compétition. Sur une idée originale -comme souvent chez les Coréens- la rencontre entre un gangster, un flic et un tueur en série, le film propose une mise en scène solide, un cast plutôt séduisant (le gangster est interprété par la force de la nature Dong-seok Ma et le flic a le charme de Mu-Yeol Kim) et un rythme endiablé.

Il est 23h15 lorsque je regagne l’appartement faisant encore une petite séance d’écriture en attendant mes compères.

Ce soir je me coucherai tôt (version cannoise) et le soleil se lèvera (enfin) sur Cannes demain.

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