Cannes 2018 J+9: Nouvelles du Palais. 16 mai. Bon, vous allez dire que je me répète, mais oui, lever 7h50 et départ au pas de course. Bon d’accord, il semble qu’au fil du temps, les draps pèsent plus lourds et échapper à leur emprise devient plus délicat, mais comme il ne reste plus que quelques jours de ce régime, on devrait s’en sortir.
Et ce matin, la motivation est très grande puisque c’est UNDER THE SILVER LAKE de David Robert Mitchell qui est présenté à 8h30 au Grand Théâtre Lumière. Et David Robert Mitchell pour les fans de films de genre, c’est IT FOLLOWS, film à petit budget, avec une idée de base simple (une femme est suivie par une force surnaturelle après une relation sexuelle) et qui était présent à Cannes en 2014. Donc l’impatience pour les amateurs de films de genre est forcément grande.
UNDER THE SILVER LAKE nous raconte les pérégrinations de Sam (qui habite le quartier de Silver Lake à L.A.) à la recherche de sa voisine Sarah qui a soudain disparu laissant son appartement quasi vide du jour au lendemain. David Robert Mitchell nous entraine à la suite de son héros dans un Los Angeles des extrêmes, dans un hommage aux films noirs, hyper-référencé, une sorte de CHINATOWN façon 21e siècle. C’est brillant, bien interprété par Andrew Garfield, filmé avec une grande fluidité et disposant d’une bande son parfaitement en phase avec le récit.
David Robert Mitchell à la conférence de presse pour UNDER THE SILVER LAKE
L’occasion faisant le larron, je me dis que rencontrer David Robert Mitchell à la conférence de presse qui suit est une bonne idée pour voir ce qu’il avait en tête lorsqu’il a conçu ce film au récit plutôt mystérieux. A 11h00 donc, direction salle de conférence où l’équipe est présente. Et là, nous n’en saurons pas plus sur les mystères du film puisque Mitchell décline gentiment toute demande concernant des explications. On peut difficilement lui donner tort même si on en sort frustré. Par contre, on apprendra avec intérêt qu’il fonctionne principalement à l’intuition et pas à coup d’analyse et de méthodologie, ce qui explique plus que certainement cette grande fluidité dans la narration. Il évite aussi soigneusement toutes les questions de journalistes au sujet de la place des femmes dans son film (plutôt faiblement caractérisées et très dénudées) en répétant à qui veut l’entendre qu’elles sont vues du point de vue de son héros qui est un homme. Good answers, Mr. Mitchell.
Après cela, le déjeuner aïoli offert par la mairie de Cannes mobilise toute mon attention (c’est ça aussi Cannes) d’autant que le Jury de la compétition sera présent. Une occasion de voir Cate Blanchett, Léa Seydoux, Denis Villeneuve, Kristen Stewart et consort en train de manger de l’aïoli ne se présentant pas souvent.
La place de la Castre dans le vieux Cannes alors que la presse commence à arriver
Arrivé Place de la Castre dans le vieux Cannes, c’est la foule, les tables sont serrées, les photographes sont aux aguets mais il fait beau, et on ne va pas se plaindre. Le jury est bien au rendez-vous. Kristen Stewart semble s’ennuyer et Cate Blanchett gère son monde ave c beaucoup d’intelligence et d’égalité (signalant que les femmes du jury sont les unes à côté des autres, et qu’il faudrait mieux incorporer les hommes entre elles).
Le jury avant l’organisation par Cate Blanchett
Et ensuite…
Juste le temps de manger un petit bout de poisson et d’avaler un dessert, et départ pour une course de 30 minutes (la salle est à l’autre bout de la Croisette) pour voir MIRAI NO MIRAI, un animé de Mamoru Hosada. Et c’est le premier raté de ma quinzaine à Cannes, je suis trop tard et il me faudra attendre une autre projection car la salle de 800 places est complète!
Retour au Palais, et écriture sur la terrasse réservée à la presse en haut du Palais. Avouez qu’il y a pire pour écrire des critiques et des chroniques (voir la photo ci-dessous).
Alors que le soleil disparaît derrière quelques nuages vers 18h15, il est temps de se mettre dans la file pour la vision de BURNING, un coréen en compétition. Même le soleil est en parfait accord avec les projections à Cannes… Adapté d’une nouvelle de l’auteur à succès japonais Haruki Murakami, BURNING raconte une étrange histoire de triangle amoureux qui se termine mal, intrigant mais trop long (2h28). Je pense clairement que Cannes devrait proposer aux auteurs de faire des films de moins de 2h. Bon, non, je plaisante, mais c’est vrai qu’une grande majorité des films font plus de deux heures et que ce ne sont pas forcément les meilleurs.
Comme il n’est pas trop tard pour aller manger après le film, nous allons nous rassasier en groupe, un peu à l’image des gnous dans la savane qui vont s’abreuver ensembles au point d’eau.
Et demain, le soleil se lèvera encore sur Cannes.