Cannes 2018 J+7: Nouvelles du Palais

Cannes 2018 J+7: Nouvelles du Palais. 14 mai. On continue sur le temps plutôt bouché au-dessus de Cannes avec un petit côté glacial qui pousse tout le monde dans les salles. Tard hier, tôt aujourd’hui, on connait la rengaine et elle ne s’améliore pas même si l’on s’y fait plutôt bien.

Ce matin, 8h30, au Grand Théâtre Lumière, c’est le dernier film de Hirokazu Kore-Eda, MANBIKI KAZOKU (Une affaire de famille en français) qui est présenté. Kore-Eda, c’est tout récemment THE THIRD MURDER, mais aussi primé à Cannes pour LIKE FATHER LIKE SON, un cinéaste 7 fois présent à Cannes, avec un cinéma à la fois sensible et intelligent. MANBIKI KAZOKU parle d’une famille spécialisée en vol à l’étalage qui fait participer tous ses membres dans l’espoir de pouvoir joindre les deux bouts. Comme d’habitude Kore-Eda fait mouche et nous surprend en jouant à la fois sur la fibre familiale, sur le social et sur une immersion dans le Japon moderne.

La petite Miyu Sasaki entourée de Mayu Matsuoka et Lily Franky

Ensuite, et une fois n’est pas coutume, un passage à la conférence de presse avec tous les acteurs du film et Hirokazu Kore-Eda lui-même permet de prolonger l’ambiance du film et d’avoir une conférence de presse à l’image du Japon, polie, calme et sensible. En  plus, et c’est rare, les enfants présents dans le film sont là dont la toute jeune Miyu Sasaki, probablement la benjamine des actrices présentes au Festival. La conférence de presse se terminera avec quelques larmes de Matsuoka Mayu, suite aux paroles très dithyrambiques de Kore-Eda sur la qualité de ses comédiens. Charmant et plein de grâce japonaise…

Un peu de calme ensuite, agrémenté d’écriture et de repas, avant de voir à 14h LES CHATOUILLES film de Eric Métayer (le fils de l’humoriste Alex Métayer) et d’Andréa Bescond adapté de leur pièce de théâtre que j’avais eu l’occasion de voir. LES CHATOUILLES au théâtre comme au cinéma, c’est la catharsis d’Andréa Bescond, violée plusieurs fois par un ami de la famille alors qu’elle était encore petite fille, et qui a eu (on s’en doute) un mal fou à pouvoir extérioriser ces viols qu’elle a subit. La pièce de théâtre était incroyable et le film ne l’est pas moins. Ce qui lui est arrivé est proprement révoltant et inconcevable pour les personnes qui n’ont pas traversé ce type d’épreuve, mais il est salutaire car il permet sans conteste de libérer la parole pour Andréa Bescond mais aussi pour tous les autres enfants victimes d’abus dans leur enfance. Oscillant entre l’humour salvateur et l’horreur, LES CHATOUILLES est à voir, que vous ayez ou non vu la pièce car, personnellement, je trouve que c’est un excellent complément de la pièce de théâtre.

Difficile de s’extraire d’un tel film, heureusement un peu de soleil brillait sur Cannes et donc sur la terrasse réservée aux journalistes (et oui, nous avons quelques privilèges!), ce qui permettait de se ressourcer avant d’aller à 18h45 au cocktail préparé par Wallonie-Bruxelles -la soirée des belges comme on dit à Cannes. C’est l’occasion de rencontrer quelques confrères belges que l’on n’aurait pas vus, quelques attachées de presse (que l’on voit toute l’année!), des producteurs, des acteurs et des amis aussi.

Mais toutes les bonnes fêtes ont une fin, spécialement quand BLACKKKLANSMAN, le dernier Spike Lee est montré à la presse à 22h15 et que l’on sait que ça se bousculait au portillon aux visions de 19h30 et 19h45. Et à nouveau bonne surprise pour un Spike Lee qui revient en force après une nette baisse de rythme dans sa carrière depuis 2014. Parlant du premier noir infiltré dans le tristement célèbre KKK, BLACKKKLANSMAN, Spike Lee nous brosse un portrait tout en “cool attitude” sans pour autant se départir de sa verve et de sa vindicte à l’égard des blancs qui des années après les événements qu’il décrit dans son film n’ont hélas rien changer à leurs attitudes!

Sortie après minuit, dodo vers 1h et en route pour les 5 ou 6h de sommeil, rationnement maximal cannois.

Et demain, le soleil se lèvera (peut-être) encore sur Cannes.

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