William Lebghil nous raconte comment il a endossé le rôle d’un étudiant en première année de médecine pour la caméra de Thomas Lilti.
C’est un secret pour personne, entreprendre des études de médecine n’est pas une mince affaire. Outre la grande quantité de matières à digérer, il y a l’incertitude liée à la réussite ou non de la première année. En France, le mode de sélection est bien plus sévère qu’en Belgique puisque, sur 3.000 élèves, 300 sont admis en deuxième. Le comédien William Lebghil (Ami-Ami, Le Sens de la Fête) dénonce ce traitement inhumain dans le film « Première Année » du réalisateur Thomas Lilti (Hippocrate), anciennement médecin de profession.
Comment es-tu arrivé sur le projet ? Connaissais-tu Thomas Lilti ?
« C’est Thomas Lilti, le réalisateur, qui souhaitait avant tout filmer une histoire d’amitié. Comme Vincent et moi-même sommes très proches depuis le tournage du film Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf, il a rapidement fait le rapprochement. Je connaissais bien son travail avant d’accepter, j’adore ses films et j’ai directement accroché avec son scénario. En plus, il y avait la perspective de travailler une nouvelle fois avec Vincent, ce qui ne se refuse pas. »
Qu’est-ce qui t’a plu dans le scénario ?
« J’aimais beaucoup le traitement de Thomas, sa manière de raconter une amitié naissante dans un environnement hostile où la concurrence fait rage. Je trouvais cela magnifique de parler d’humanité dans un contexte inhumain. À côté de cela, Thomas filme remarquablement bien le travail et tout ce qu’il représente pour les étudiants. »
Comment se déroule la sélection des futurs médecins en France ?
« En France, il faut impérativement passer une première année avec deux concours très compliqués pour poursuivre des études de médecine. Sur 3.000 élèves, seuls 300 seront admis en deuxième année, ce qui signifie que le chemin s’arrête là pour 90% des étudiants. »
Quel est ton avis sur la question ?
« C’est absurde. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut sélectionner des futurs médecins uniquement sur base d’un test. Il y aussi des aptitudes nécessaires comme l’empathie qu’il faut prendre en compte ! Il ne s’agit pas simplement d’apprendre des choses par coeur. C’est un développement personnel et humain qui ne peut pas être assimilé en une seule année. »
Comment s’est passé le tournage ? Avais-tu des craintes par rapport à la sensibilité du sujet ?
« Thomas a un rapport très paternel avec ses acteurs. Il aime guider, ce qui met directement en confiance. En plus, comme je connaissais bien Vincent, il n’y avait pas de doutes sur notre capacité à travailler ensemble. Après, concernant le sujet, notre objectif était de parler de cette première année de l’intérieur, en suivant deux personnages différents mais complémentaires. Il ne fallait surtout pas tomber dans les clichés. Vincent et moi avons donc assimilé des termes incompréhensibles pour les citer de la manière la plus évidente possible. C’était un peu comme apprendre le chinois (rires). »
Avez-vous rencontré des étudiants pour le film ?
« Avant d’entamer le tournage, nous avons visité l’université Paris Descartes. Nous avons également parlé avec des étudiants en deuxième année afin qu’ils nous partagent leurs expériences. C’était impressionnant de voir que, dans ce contexte assez tendu et compétitif, il y a un sentiment d’entraide qui ressort de leurs échanges. Les deuxièmes années prennent du temps pour aider les premières avec des concours blancs, des séances de rattrapage, etc. J’ai été très touché par cette camaraderie qui est d’ailleurs à la base de notre film. »