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C’est génial. Il m’a laissé écrire Evil Dead et j’ai eu beaucoup de chance. C’était important qu’il me laisse une certaine liberté. A partir de ce moment là, on l’a intégré plus dans le processus de création. C’est quelqu’un de confiance qui n’hésite pas à dire ce qu’il faut quand il faut.
Titre français :
Equipe: Fede Alvarez
Genre:
Date de sortie:
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Notre critique:
Rencontre avec un maître de l’horreur
Nous vous avons déjà parlé de notre présence à Fantasia, le festival de cinéma fantastique de Montréal, auquel nous nous sommes rendus en juillet dernier. C’est DON’T BREATHE qui avait les honneurs de la clôture, en présence du réalisateur, Fede Alvarez, l’homme qui était derrière le très bon remake d’EVIL DEAD. Nous avons eu l’occasion de l’interviewer et voici ce qui en est sorti.
Après le succès d’Evil Dead, comment vous êtes-vous senti ? C’était un sacré défi de s’attaquer au remake d’un film culte.
Super bien. Le film a eu pas mal de succès, les gens ont été le voir. Sans aucun doute, c’était un défi de s’approprier un film qui a laissé un telle trace qu’Evil Dead. Ce n’est pas simplement refaire ce qui a été fait, c’est trop facile. Il faut capturer l’essence du film. Qu’est-ce que le film a si bien fonctionné ? Qu’avait le film à ce moment qui a fait qu’elle a eu du succès ? C’est ça qu’il fallait capturer. C’est comme essayer de se souvenir d’un rêver et tenter de se rappeler ce qui nous a marqué. C’est ce que j’ai du faire avec Evil Dead. La décision qu’on a prise et ce qu’on a fait ont résulté dans le fait que les fans n’ont pas accepté le film comme un Evil Dead pur. Certains fans estiment que le film originel est une comédie tandis que d’autres trouvent que c’est un des films qui les effraient le plus. Ici, c’était nouveau et, le ressenti dépend de chacun. Mais moi j’étais content. J’ai pu faire le film que je voulais dans un contexte hollywoodien. Le film est quand même très gore et faire quelque chose d’aussi gore dans un film mainstream, ce n’était pas gagné d’avance que ça soit accepté par la production.
En plus, vous avez eu le soutien de Sam Raimi qui est également producteur de Don’t Breathe.
C’est génial. Il m’a laissé écrire Evil Dead et j’ai eu beaucoup de chance. C’était important qu’il me laisse une certaine liberté. A partir de ce moment là, on l’a intégré plus dans le processus de création. C’est quelqu’un de confiance qui n’hésite pas à dire ce qu’il faut quand il faut.
D’où est venue l’idée de Don’t Breathe ?
On réfléchissait à un film qui pourrait plaire aux fans d’Evil Dead mais aussi pour une audience plus large. C’est pour ça que c’est moitié horreur, moitié thriller. Par contre on ne voulait pas de sang. On avait déjà mis tout le sang qu’on avait pu dans Evil Dead. C’est donc moins sanglant mais il ne fallait pas que ça fasse moins peur ou que ça soit moins violent. Il y a quand même des scènes très fortes. Le plus important, c’était de faire en sorte que le film soit à nous à 100%. Mon co-scénariste, qui avait co-écrit Evil Dead, et moi voulions que ça soit notre scénario à 100%. A partir de là, on voulait aller vers cette idée de home invasion qui soit inversé. On voulait voir ce que ça donnerait des jeunes enfermés dans une maison et qui ne pourraient pas en sortir.
Pourquoi commencer le film avec une scène qui dévoile qu’un personnage va réussir à sortir de la maison ?
(rires) On me pose souvent cette question. C’est une décision que j’ai prise parce que, de cette manière, on promet aux spectateurs qu’il va se passer des choses. On leur dit « Soyez tranquilles, vous allez avoir 20 minutes d’histoire classiques mais, tôt ou tard, des choses mauvaises vont se produire. » (rires) C’est aussi une façon de provoquer et c’est intéressant de se demander ce qu’on est en train de regarder se passe dans un quartier bizarre. Ca représente un peu ce qu’est le film. Au fur et à mesure, on découvre les capacités du type qui vit dans la maison. En montrant cette scène au début, on ne sait pas non plus comment ça va se terminer parce que ce n’est pas la scène finale. Mais je n’ai rien inventé. Ca arrive souvent de démarrer un film avec un climax et c’est quelque chose que j’apprécie.
Comment ça se passe l’écriture à deux ?
C’est génial. Rodolfo est mon ami depuis 12 ou13 ans et on a toujours travaillé à deux depuis qu’on est petits en Uruguay. On a fait des courts-métrages, d’autres vidéos,… On s’installe, on discute à deux, on se lance des idées et si on trouve quelque chose qui nous plait, on y va. On a changé ce système pour Evil Dead. J’ai écrit la première moitié du scénario, il a écrit la seconde puis on est chacun repassé sur la partie de l’autre. Ici, Rodo a écrit la première version du scénario et j’ai écrit la seconde.
Avez-vous vu un défi technique particulier comme celui de la pluie de sang d’Evil Dead ?
Oui. Le défi principal concernait le travail avec les acteurs. Ils devaient comprendre ce que c’était le monde de l’aveugle. Ce n’est pas facile de faire en sorte que le public croit que le personnage soit aveugle. Stephen a du attraper certains tics pour qu’il soit crédible, dans ses déplacements, ses gestes,… Il y a des réflexes naturels qu’il fallait que Stephen comprenne et exécute. Des vrais défis techniques, comme celui de la pluie de sang d’Evil Dead, il y en a eu 2. Le premier, c’est la partie avec le chien parce que travailler avec un animal n’est jamais facile. Le second, c’est la scène d’obscurité totale. Le défi était surtout de savoir comment on allait la filmer. Dans l’histoire, rien n’aurait justifié une vision nocturne ou autre chose. C’était donc un vrai défi de filmer la scène comme on l’a fait. Si ça ne fonctionnait pas, le film allait foirer. Ca n’a jamais été fait auparavant. Personne ne s’est dit « On était les lumières et à l’écran ça sera de telle façon. »
Ca fonctionne super bien.
Merci beaucoup. Ca contribue à ces moments de plaisir qu’on a devant le film.
Deuxième long-métrage, deuxième collaboration avec Jane Levy. Ca va continuer ?
Elle est très bonne actrice et ici c’était une histoire qui lui convenait. En plus elle l’aimait.
Et pour Stephen Lang ? C’est lui qui a le rôle le plus difficile.
Oui absolument. Je voulais trouver un acteur qui avait déjà eu des rôles de militaires. Il devait connaître le rôle du militaire, savoir comment il bouge, se comporte. Stephen a beaucoup de respect pour ce type de rôle et de vie et le connait très bien. La seule différence, c’est qu’il en joue un qui est à la retraite. Il fallait aussi que le comédien soit en forme. Des gars de plus de 60 ans en si bonne condition physique, il n’y en a pas beaucoup.
Il y a un aspect très important dans les films, c’est la musique. Comment s’est passée la collaboration avec Roque Baños qui est quelqu’un qui compose pour des films très différents ?
Je suis très ami avec Roque. On l’est devenu sur Evil Dead. Quand je cherchais un compositeur, je savais que je voulais Roque. Il m’a contacté un jour par Facebook et on a commencé à bosser ensemble. Il a fait un travail incroyable. C’est très facile de travailler avec lui. Ici je ne voulais pas de la musique conventionnelle. On a trouvé un gars à Tucson en Arizona qui avait plein d’instruments en métal et de trucs bizarres et Roque a composé avec ces instruments là.
Maintenant, quelles sont vos envies et projets ?
Je ne sais pas encore. Il me faut du temps pour trouver mon prochain film. Un jour, à la question « Quelle est la chose la plus difficile dans un film? », Spielberg a répondu « Choisir le film. » Il faut choisir la bonne histoire. Si tu choisis mal, qui sait ce qui va se passer après. Pour l’instant, on écrit un film pour Warner et on travaille aussi sur des séries télé.