Equipe:
Durée : 90’
Genre:
Date de sortie: 21/04/1998
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Sophie et Loïc vivent chez leur mère. Loïc brûle les étapes. Il est photographe et monte sa première exposition. Question coeur, Loïc ne sait plus. Il est perdu dans sa course en avant. Sophie, elle, ne sait pas où elle va. Elle explore l'univers de son grand frère, juste pour voir. Et là, elle rencontre Vincent. Loïc supporte mal cette liaison. Il sombre...
Notre critique:
Les plus attentifs d’entre vous en avaient déjà entendu parler lors de la cérémonie des césars. Emma de Caunes a reçu le prix du meilleur espoir féminin pour son interprétation dans le film de Sylvie Verheyde, UN FRERE. On était donc curieux de découvrir la fille à son papa, histoire de voir si elle méritait vraiment sa récompense, qu’on aurait pourtant bien vue entre les mains d’Isabelle Carré pour son rôle dans LA FEMME DEFENDUE.
rnLa projection efface tous nos doutes. Non seulement Emma de Caunes, dont c’est le premier rôle, se révèle être une actrice juste et naturelle, mais en plus, le film lui-même s’avère être une véritable petite merveille. Certes, pas de celles qui transformeront le cinéma français du jour au lendemain. Mais quand même! Avec un budget ridicule, des acteurs sortis tout droit d’un chapeau de prestidigitateur, Sylvie Verheyde signe un long métrage plein de fraîcheur et de sentiments. Et surtout, elle transcende sa réalisation d’une vision personnelle originale et très sensuelle. Elle s’attarde sur les corps humains, sans fausse pudeur. Sa caméra caresse avec langueur la peau en sueur, les muscles bandés. Elle filme les mouvements, souples et aériens. Cela nous donne quelques scènes suspendues entre la réalité banale qu’elles racontent et l’émotion aiguë qu’elles suggèrent. Comme par exemple cette danse tout à fait hors propos entre Loïc et Sophie. Un instant magique qui traduit sans équivoque l’amour qui les lie.
Le toucher a ici beaucoup d’importance. Premier canal de communication entre les êtres, il est souvent oublié des cinéastes, car difficilement transmissible. Sylvie Verheyde le met en scène d’une manière presque tangible…
UN FRERE est aussi une rencontre d’acteurs, et surtout de personnes. Loïc (le frère) est interprété par Jeannick Gravelines. Il est photographe de mode professionnel, et a déjà travaillé plusieurs fois avec la réalisatrice. Son physique grave et son jeu fluide enrichissent considérablement le personnage de Loïc. Le rôle a d’ailleurs été écrit pour lui… Sophie, sa soeur, c’est Emma de Caunes, fille d’Antoine, lui aussi passé au cinéma. Son rôle est plus passif, donc plus difficile. Sophie ne parle pas beaucoup. Elle écoute. Elle n’en pense pas moins. Sa présence est uniquement physique, et les rares dialogues qu’elle a focalisent notre attention. Emma l’investit avec un naturel épatant.
rnSylvie Verheyde sait ce qu’elle veut dire, et elle le dit avec beaucoup de talent. UN FRERE est un film honnête, un travail d’équipe maîtrisé, qui jouit de la fraîcheur des débutants qui y ont participé. A consommer tout de suite…