U-Turn

U-Turn

par Olivier Guéret
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Ici Comme L'Enfer

Equipe:
Durée : 125’
Genre:
Date de sortie: 27/01/1998

Cotation:

3 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

T'aurais dû faire demi-tour Bobby (Sean Penn)! Cette petite ville de Superior n'est vraiment pas faite pour toi. Ils sont tous à la masse dans cette bourgade. T'as d'abord Grace (Jennifer Lopez), une allumeuse comme pas deux, mais fais gaffe à son mari Jake (Nick Nolte); il est plutôt dangereux. Y'a l'autre aussi, Jenny (Claire Danes) qui n'arrête pas de te courir après, tout comme son copain d'ailleurs, sauf que ses raisons à lui sont toutes autres... Et l'aveugle (Jon Voight) qu'est-ce qu'il te veut avec ses foutus proverbes? Par dessus tout, le shériff te cherche des noises et ce tapé de garagiste (Billy Bob Thorton) va te rendre zinzin...

Superior, la ville où tout le monde baise tout le monde! Et toi t'es le petit nouveau, pour sûr de la chair fraîche pour tous ces malades. Enfin comme t'y es, je te souhaite bienvenue et surtout bonne chance...

 

Notre critique:

Par de tiroir socio-historique à rouvrir, pas de combat cinématographique pour une affaire classée depuis bien longtemps, pas de thèse à défendre avec des images fortes, non rien de tout cela, Oliver Stone arrive simplement avec les bobines de son dernier né U-TURN.

Technicien hors-pair de la cinématographie actuelle, nous étions curieux de le voir s’étaler sur un film normal. Il en résulte un avis mitigé.

D’une part une galerie de personnages méchamment déjantés. Tous les acteurs sont garnis de rôles décalés où ils brillent aussi fort que leurs personnages. Aucun d’eux ne peut être catalogué de cérébralement sain dans la folie du film. Sean Penn y est grand mais campe derechef un loser professionnel. Jennifer Lopez incendie la route par son unique présence. Nick Nolte n’est jamais apparu aussi tordu sur les écrans. Jon Voight voyage au sein du long métrage tel un aveugle à la recherche da sa canne. Billy Bob Thorton est sans conteste le plus génialement pété de toute cette clique d’hurluberlus et restera sans conteste dans les anales des personnages au chromosome manquant.

D’autre part, hormis les qualités relatives aux protagonistes de cette bizarroïde tranche de ville, la réalisation d’Oliver Stone choque et déstabilise. Nombriliste, ne voit-on pas notre Oliver faire du Stone. Comprenez qu’amoureux de sa technique, le cinéaste s’enlise dans une réalisation hyper-nerveuse, répétant les changements de pellicules et de coloris. Cet exercice très remarqué dans ses précédentes oeuvres, ici, agace. L’effet de style étouffe la narration, et affaiblit le film. La simplicité était de mise avec une telle histoire mais le cinéaste n’en a eu cure. De même que la composition musicale d’Ennio Morricone, florilège de son oeuvre mélangé à l’essence sonore de NATURAL BORN KILLERS. Le mariage outrancier de ces deux derniers facteurs nous fait culbuter par moment dans l’écoeurement visuel. Dommage!

U-TURN est un drôle de cocktail, un film en dents de scie où le meilleur de la joute verbale et physique entre les protagonistes est amoindri par un appui visuel et sonore poussif. Mais ne boudons pas le plaisir certain procuré par une kyrielle d’acteurs en grande forme.