Trois souvenirs de ma jeunesse
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Trois souvenirs de ma jeunesse: Nos Arcadies

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Trois souvenirs de ma jeunesse

Equipe: Arnaud Desplechin, Lou Roy-Lecollinet, Quentin Dolmaire
Durée : 120’
Genre: Drame
Date de sortie: 19/05/2015

Cotation:

3 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Paul Dédalus quitte avec regret le Tadjikistan pour rentrer en France. Avec regret car il quitte en même temps celle qu’il aime. Alors qu’il empile les caisses et se prépare au départ, des souvenirs de son enfance et de sa jeunesse se mettent à affluer...

 

Notre critique:

La vie est sans conteste très étrange, comme le dit le héros de ce TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE, Paul Dédalus. En tout cas, celle d’Arnaud Desplechin l’est certainement, lui qui ballote son anti-héros (son double?) au fil de trois longs métrages depuis 1996.

Car depuis cette époque où il a évoqué à chaque fois un rite de passage ou une étape capitale de la vie de Paul (le choix d’une carrière dans COMMENT JE ME SUIS DISPUTE, puis la réunion de famille dans UN CONTE DE NOEL, le premier amour dans ce nouveau film), Desplechin a changé indiciblement la généalogie de son personnage, lui offrant plus une vie rêvée illustrant son propos, qu’une vie figée et réaliste.

Pour ce troisième opus donc, il retourne dans la jeunesse de Paul en trois étapes: son enfance avec une mère folle et un père qui le bat, son adolescence et les implications politiques qui vont avec cette période et enfin son amour passionné pour Esther, une fille imbue d’elle-même et fragile à la fois.

Avec ces phrasés des dialogues et la mise en scène légèrement surannée caractéristiques de Desplechin, TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE embarque le spectateur au fil des souvenirs du narrateur (car il ne s’agit là que d’un seul point de vue) passant rapidement sur l’enfance et sur l’adolescence pour se concentrer sur l’amour presque impossible d’Esther.

Et peut-être que tout le problème du nouveau film du réalisateur français réside dans cette façon de distiller les souvenirs tout en laissant le spectateur se charger d’un vécu qui n’est pas le sien et qui somme toute est plutôt banal et classique. Ne donnant au final aucun fil conducteur si ce n’est la voix du narrateur, Desplechin n’engage réellement le spectateur que lors du troisième chapitre des souvenirs, la conquête et l’amour passionné d’Esther. Et l’on se prend à se demander pourquoi il ne nous a pas simplement proposé ce seul souvenir digne d’intérêt (parce que plus développé) en laissant tomber les autres?

D’autant que la qualité d’interprétation des deux jeunes protagonistes, Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet, (dont c’est le premier film) porte magnifiquement cette partie du film la rendant intéressante, mettant en valeur ce passage obligé du premier amour difficile et souvent traumatisant.

Il aurait ainsi évité l’ennui omniprésent du début du film qui n’aligne que des banalités déjà vues et revues dans d’autres films, ennui qui se prolonge hélas alors que le film prend enfin son envol. Une demi réussite donc pour ce film…

 

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