Malgré ses qualités scénaristiques, THE YOUNG POISONER’S HANDBOOK risque fort de ne pas trouver son public. Benjamin Ross, le réalisateur, est méchant. Aucun personnage ne trouve grâce à ses yeux tant ils sont laids, médiocres, vains, obscènes. En plus, il laisse une impression trouble en forçant à fond l’identification avec le tueur. Il faut voir celui-ci décrire le lent empoisonnement de sa mère dans une rapport scientifique rigoureux, calligraphié dans un cahier d’écoliers à petits carreaux. Il suit l’évolution du poids, de la tension de sa victime sur des graphiques naïfs tracés aux crayons de couleur. On vit sa monstruosité au quotidien, complètement banalisée et non exempte d’humour.
Bref, il y a assez d’ingrédients dans l’histoire pour faire un chef-d’oeuvre d’humour noir. Mais Benjamin Ross a préféré privilégier un réalisme cru. Il manque à sa mise en scène, cette ampleur, ce grain de folie lente qu’ont par exemple les frères Coen. C’est dommage de voir un si bon scénario et l’interpétation juste du jeune Hugh O’Connor si peu mis en valeur par des images quasi télévisuelles. On passe de très peu à côté d’un excellent film.