Après 6 mois d’attente, voici donc la fameuse palme d’or qui débarque enfin sur nos écrans. Ce délai ridicule (puisque le film ne profite en rien de la promotion cannoise) fait qu’on l’avait presque oublié, y compris d’ailleurs la virulente polémique cannoise traditionnelle sur “fallait-il-lui-donner-la-palme-d’or”…
Mais revenons à ce THE SQUARE, film un peu ovni, interrogeant l’art contemporain et sa place dans notre société, mais aussi interrogeant notre comportement dans une société de plus en plus mondialisée et (soi-disant) communicante.
Le problème principal du film repose d’ailleurs sur ses deux orientations qui ne sont finalement pas traitées jusqu’au bout. En suivant Christian, ce fat qui évolue dans les milieux d’une bourgeoisie bien comme il faut, un homme qui ne regarde jamais que son nombril y compris dans ses relations amoureuses, THE SQUARE nous propulse d’abord sur la piste de l’art contemporain qui ne cherche pas à toucher le public mais seulement le provoquer.
Mais peu à peu Christian devient plus que le fil conducteur, il devient le sujet même du film, un sujet sans empathie qui reste désagréable et ne parvient pas à attirer l’empathie du spectateur. Il en devient donc une sorte de repoussoir, et si l’on cherche un peu plus loin, peut-être en même temps l’illustration parfaite de certaines oeuvres contemporaines comme ce fameux carré blanc (d’où le tire du film) ou les tas de poussières alignés dans le musée.
Et forcément ce Christian imbu, incapable de communiquer, est en complète opposition avec notre monde et ne parvient pas à gérer le buzz autour d’un incident survenu sur le fameux carré. Perdu au centre de son ego, le conservateur fera tout de travers gérant à contresens sa relation avec les médias (et avec les autres protagonistes).
Pris scène par scène, THE SQUARE est un film plutôt intéressant car chacune d’entre elles est une sorte d’expérience sociologique (à l’instar de la scène du dîner), mais voilà, dans sa longueur (2h20 quand même), le film manque son but restant entre l’expérimentation et le film de fiction. Dommage.