Equipe:
Durée : 129’
Genre: Film de science-fiction
Date de sortie: 04/11/2003
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Les machines font route vers la cité des rebelles de Zion qui tentent d'organiser leur défense. Pendant ce temps, Trinity et Morpheus tente de récupérer Neo, coincé entre deux mondes: celui, virtuel, de la Matrice et celui, réel et terrible, de la guerre entre les machines et la rébellion!
Notre critique:
Le deuxième opus nous avait laissé sur notre fin: le matraquage d’effets spéciaux, le discours mystique et la coupure brutale finale estampillée du mot ‘suite au prochain épisode’ avaient de quoi agacer. Tout cela laissait la porte ouverte aux discussions les plus animées sur le sens qu’il fallait donner aux différents événements de ce MATRIX RELOADED. Les théories les plus farfelues côtoyaient les plus imaginatives et on attendait au tournant la vision des frères Wachowski qui avaient su montrer tout leur talent scénaristique avec BOUND en 1996.
Las, MATRIX REVOLUTIONS ne fait qu’enfoncer les quelques clous restants dans la croix sur laquelle les frères W. ont attaché Neo. Le discours de ce 3e épisode est plus que jamais mystico-crypto-matrix et devient très rapidement indigeste tant il est infantile (« Où dois-je aller? demande Neo à l’Oracle, Tu sais où, répond-elle »). Les dialogues avec l’Oracle donnent d’emblée le ton simpliste et ce ne sont pas les deux heures suivantes qui changent l’orientation du récit. La symbolique, extrêmement caricaturale, est devenue très claire: Neo est bien le Jésus Christ de ce monde de machines (on ne compte plus les postures en croix de notre ami Keanu Reeves)! Quant à Smith, il est définitivement consacré comme antéchrist à plein temps, son costume-cravate étant évidemment la marque de l’économie dévastatrice et toute puissante face aux baba-cools et aux écolos de Zion dont les guerriers (des ‘gamers’ dans leurs vaisseaux devant des consoles de jeux) sont les défenseurs en culotte courte.
Si il y a moins d’effets gratuits et une meilleure balance entre action et temps calmes dans REVOLUTIONS que dans RELOADED, l’ensemble manque d’homogénéité et emprunte beaucoup à gauche et à droite. Là où certains pourront y voir des hommages d’autres y verront des emprunts faciles et sans originalité. Ainsi les références aux films de kung-fu d’antan se font plus nombreuses (merci à Bruce Lee dans la scène de combat entre Smith et Neo), les allusions à John Woo sont à peine déguisées (la rencontre avec le Mérovingien et Perséphone) et enfin les renvois aux combats de Superman (le bitume arraché, les combats aériens de Neo et Smith) sont pléthores… Quant à la bataille de Zion, très attendue elle aussi, elle est le sommet de l’enfer mécanique: l’homme n’est plus qu’une partie des machines. Il est attaqué par des machines et se défend avec elles. C’est probablement la seule métaphore vraiment intéressante de cette troisième partie. On regrettera quand même la première fin de la bataille, ridicule (l’explosion électromagnétique), par rapport aux forces en présence, et qui fait un peu soufflé raté!
Ce n’est pas non plus l’interprétation qui sauve le film. Les personnages sont complètement écrasés par l’action et les effets. Et quand on leur donne le temps de s’exprimer, les dialogues ne leur laissent aucune chance! Quant à Keanu Reeves, il pourrait sans problème se retrouver au Musée Grévin vu son grand nombre d’expressions faciales. Lambert Wilson et Monica Bellucci font une fois de plus de la figuration chic et Carrie-Ann Moss manque son départ.
MATRIX REVOLUTIONS tirera à coup sûr les larmes des émotifs et sensibles (au premier degré) au bel amour entre Trinity et Neo, les autres se marreront sans doute à l’inanité des dialogues et des situations… Enfin, on vous aura prévenus. Si vous voulez vraiment (et malgré tout) aller voir cette dernière partie, accrochez-vous à l’épisode précédent et plongez dans l’épisode 3… sans trop penser au merveilleux premier opus…