Titre français : L’homme qui tua Don Quichotte
Equipe: Adam Driver, Joana Ribeiro, Jonathan Pryce, Olga Kurylenko, Sergi López, Stellan Skarsgård, Terry Gilliam, Tony Grisoni
Durée : 132’
Genre: Comédie dramatique
Date de sortie: 25/07/2018
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Toby tourne une publicité pour un client. Celle-ci s’inspire de son film de fin d’étude en noir et blanc: “L’homme qui tua Don Quichotte”. Mais le tournage de la pub ne se passe pas du tout comme le voudrait Toby...
Notre critique:
THE MAN WHO KILLED DON QUIXOTE s’ouvre sur un avertissement “Et maintenant, après 25 ans de besogne et de foire d’empoigne…” qui résume parfaitement l’état d’esprit qui a présidé à ce nouveau film de Terry Gilliam présenté en clôture du Festival de Cannes 2018.
Terry Gilliam à Cannes en 2018
Maudit au point de faire peur à quelques journalistes mystiques pensant que si ils se rendaient à la vision du film, il pourrait leur arriver malheur, THE MAN WHO KILLED DON QUIXOTE a failli ne jamais parvenir au Festival, l’ancien producteur ayant attaqué le nouveau pour empêcher la sortie du film. Mais ce n’était que la fin d’une malédiction monumentale qui avait commencé des années plutôt avec des problèmes de tournage monumentaux (Jean Rochefort malade, tornade, problème d’assurance, etc).
Or donc, voici le film de Gilliam, revu, corrigé et re-revu au fil du temps, avec de nouveaux interprètes, d’autres idées flamboyantes, d’autres décors et surtout de nombreuses mise en abyme entre l’histoire du film et son récit.
Car THE MAN WHO KILLED DON QUIXOTE est avant tout une approche très ambitieuse du processus de création. Adam Driver est Toby, le réalisateur qui revient sur les traces de son passé pour tourner un film s’inspirant d’un film de ses débuts. Adam Driver est surtout Terry Gilliam, qui fait un film 25 ans après en avoir débuté un autre sur le même sujet. Et ce n’est qu’une des nombreuses auto-références qui vont jalonner l’entièreté du récit, questionnant en permanence la responsabilité du créateur face à sa création.
Débordant d’idées et d’énergie malgré son âge et ses déboires, Terry Gilliam entraîne le spectateur dans un film hallucinant, foisonnant qui prône l’insanité comme une vertu, la folie comme une qualité au travers de Don Quichotte joué par un Jonathan Pryce complètement habité par le personnage.
S’entremêlent dans le même récit autour d’une narration fantastique la vie de Don Quichotte, transformé par sa première apparition au cinéma dans le film d’étude de Toby, mais aussi la réalité d’une production publicitaire ancrée dans un néo-capitalisme outrancier comme Gilliam sait les mettre en scène.
D’aucuns risquent d’avoir un mal fou à intégrer cet univers de délire où les niveaux de lecture s’entrechoquent bien plus que dans un BRAZIL (plus maitrisé) et mènent parfois à des impasses trop longues, mais les autres (ceux qui se délecteront de l’outrance de Gilliam) y trouveront sans aucun doute le meilleur de ce génial créateur à l’esprit bouillonnant. Et en ces temps de règlements à outrance, de perte de liberté, cela fait beaucoup de bien. Et déjà pour cela, merci Monsieur Gilliam!