Un monde formaté où être seul est une maladie, voilà un monde dystopique pour le moins étrange et angoissant. C’est le monde qu’a choisi de développer Yorgos Lanthimos qui nous avait déjà agréablement pris à rebours avec CANINE ou ALPS, des films aux sujets et aux traitements originaux.
THE LOBSTER est donc bien dans la continuité de ses films précédents en nous proposant une fable d’anticipation dans un monde contrôlé à l’extrême où l’imprévu a été banni. Cette fable agit comme un miroir de notre société, dénonçant des travers d’un monde déresponsabilisant, autoritaire et anxiogène et fortement individualiste.
En opposant deux mondes, celui des solitaires et celui de la société totalitaire qui refuse la solitude, THE LOBSTER nous donne une leçon surréaliste et bourrée d’humour noir qui, pourtant ne pousse pas à sourire mais bien à réfléchir. Car les rebelles solitaires ne sont finalement pas moins totalitaires et absurdes que la société elle-même, en clair les extrêmes ne sont jamais bons.
Dans le rôle de David, Colin Farrell compose un personnage inhabituelle pour lui, un anti-héros par excellence, une sorte de personnage mou, qui au contact des rebelles va se révéler, apprendre à aimer à nouveau et à se désolidariser d’une société qui ne lui veut pas du bien puisqu’elle refuse le rêve et l’amour.
On regrettera cependant une fin un peu difficile à comprendre, un peu en décalage avec l’ensemble qui semble casser la continuité, mais le film n’en demeure pas moins original et tellement différent de ce que le cinéma traditionnel nous sert à tout va qu’il vaut largement le déplacement.