The Insider
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The Insider

par Olivier Loncin
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Révélations

Equipe:
Durée : 168’
Genre:
Date de sortie: 14/03/2000

Cotation:

6 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Ce film relate par le menu la manière dont Jeffrey Wigand (Russell Crowe), ex-vice-président du département recherche & développement du cigarettier Brown & Williamson, fut amené à témoigner contre ses anciens employeurs pour dénoncer les pratiques scandaleuses (dissimulation systématique des recherches scientifiques établissant les dangers liés à la consommation de tabac, addition dans les cigarettes de composants visant à en augmenter l'addictivité, ...) en vigueur dans cette industrie. Ce témoignage eut lieu dans le cadre de 60 Minutes, sorte d'Envoyé Spécial, émission phare de CBS produite par Lowell Bergman (Al Pacino) et connut divers rebondissements (interdiction d'antenne par crainte de procès, notamment) avant d'être enfin diffusé.

 

Notre critique:

Avec THE INSIDER Michael Mann, réalisateur de MANHUNTER, LAST OF THE MOHICANS et HEAT, fait oeuvre utile.

On s’enthousiasmera d’entrée de jeu sur la maestria de Mann qui parvient, caméra à l’épaule (merci à Jim Muro , l’opérateur steadicam le plus célèbre du monde) et montage serré, à rendre une intrigue plutôt papote aussi palpitante qu’un thriller trépidant. On restera épaté devant la très haute qualité des performances de l’ensemble des comédiens; Crowe, Pacino et Christopher Plummer en tête, les deux derniers évitant tout cabotinage déplacé. Mais plus que tout, on s’inclinera devant la pertinence des thèmes abordés. Car THE INSIDER n’est bien évidemment pas une diatribe de plus à l’encontre des méfaits (bien réels tout de même) de la cigarette, menée par quelque censeur en mal de croisade, pourfendeur des ennemis d’une société plus « propre », plus « politiquement correcte ». Il s’agit avant tout d’une réflexion sur ce que le mot « responsabilité » signifie. Et c’est sur ce terrain-là que le film gagne ses plus mérités lauriers. En évitant tout triomphalisme benêt, tout discours grandiloquent, Michael Mann montre la difficulté d’être un individu responsable, sans fard, et avec toutes les conséquences complexes que cela peut engendrer (Wigand s’est vu menacé de mort, a vu son niveau de vie s’effondrer, sa femme le quitter, sans parler d’une certaine presse qui a tenté de le décrédibiliser, …). Dans une société qui chaque jour tend à simplifier ses discours, qui résume ses débats à des arguments manichéens et qui présente de plus en plus la publicité comme une source d’informations (sic), ravalant le citoyen au rang de consommateur, avoir un réalisateur qui expose une situation dans toute sa naturelle complexité: c’est une bouffée d’air frais. Oser montrer que la vie, à certains moments, n’est pas simple à vivre et qu’il est des choix absolument douloureux, sans sombrer dans le pathos tonitruant ou la guimauve gluante, voilà ce qu’a réussit Michael Mann, et qui plus est dans le cadre d’une production hollywoodienne.

C’est pas tous les jours et, nom d’un chien, ça ragaillardit!