On se souvient d’un certain 18 mai 2011 à Cannes où, à la conférence de presse suivant la projection de son film MELANCHOLIA, Lars von Trier avait sous forme d’une provocation très malvenue et particulièrement gênante glorifié Hitler, le régime Nazi et critiqué les juifs… Cela lui avait valu un blâme du Festival de Cannes et puis un badge “persona non grata” à durée indéfinie.
Il aura fallu attendre la cuvée 2018 de Cannes pour que les organisateurs laissent à nouveau revenir le bouillant réalisateur danois présenter un film, THE HOUSE THAT JACK BUILT. Hors compétition toutefois.
Mais revenons-en rapidement au film qui laisse un tueur en série raconter les étapes (incidents) les plus marquants qui l’ont amenés à faire ce « métier ». Présenté un peu comme un interview d’un serial-killer par l’homme qui va l’emmener aux enfers pour ce qu’il a fait, le film a plusieurs niveaux de lecture: celui décrit ci-dessus, brut, provocateur qui cherche à sortir le spectateur de sa zone de confort et qui compare le tueur en série à un artiste et puis celui plus autobiographique dans lequel Lars von Trier glisse des réflexions sur son cinéma mais aussi sur les propos qu’il a pu tenir au Festival de Cannes en 2011, le tout oscillant entre l’excuse et la défense. Le bonhomme n’a pas vraiment changé…
Plutôt réussi, il aurait certainement mérité une place en compétition, mais c’est une discussion sans fin et probablement sans intérêt. En ce qui concerne les images choquantes et les enfants tués froidement dans le film, je conseille à chacun -pour relativiser et pour mémoire- de retourner dans ses classiques comme IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST ou DAWN OF THE DEAD ou dans des films outranciers plus récents comme TRAUMA du chilien Lucio Rojas.
Quoiqu’il en soit, THE HOUSE THAT JACK BUILT, bénéficiant de l’excellente interprétation de Matt Dillon, reste un film provocateur et pas complètement abouti parce que l’on sent qu’il a évolué de façon un peu trop émotionnelle en fonction du ressenti de Lars von Trier face à son exclusion et ses propos, la confession du serial killer étant en quelque sorte en phase avec celle du réalisateur. Espérons cependant que la fin du film ne soit pas prémonitoire…