Equipe:
Durée : 104’
Genre:
Date de sortie: 21/01/2003
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Lee sort d'un institut psychiatrique. Bourrée de complexes, timide, elle est totalement refermée sur elle-même. Son retour à la vie normale est plus difficile que prévu et l'automutilation redevient vite son pain quotidien. Jusqu'à ce qu'elle trouve un job de secrétaire chez un avocat plutôt bizarre...
Notre critique:
Dès les premières images -la secrétaire qui arrive harnachée avec un engin sado-maso- , le ton est donné. Humour noir, comédie, drame saupoudré d’une bonne dose de sado-masochisme, tout est déjà là. Mais attention, ce n’est pas parce que le film évoque une situation sado-masochiste entre deux êtres que celui-ci n’en est pas moins humain. Bien au contraire. SECRETARY est film profondément humaniste dont les racines s’enfoncent loin dans le terreau des rapports obscurs entre homme et femme.
Dans un ensemble qui mêle surréalisme et réalisme qui rappelle par bien des côtés un SWEETIE de Jane Campion, Steven Shainberg parvient à transcender la caricature des rapports humains pour mieux dévoiler leurs complexités. C’est parce que Lee est soumise face aux autres et face à la vie qu’elle ne parvient pas à les affronter. En rencontrant son patron avocat, elle rencontre d’abord son nouveau psy mais trouve aussi peu à peu, dans les rapports humiliants qu’elle entretient avec lui, une sorte d’exutoire à sa maladie ou à son mal être. En quelque sorte, un type de névrose chasse l’autre. Et dans les rapports de pouvoir et d’amour que Lee va mettre en place avec son patron, l’un et l’autre vont trouver leur place et leur stabilité. Mais n’est-ce pas là l’illustration de bon nombre de rapports humains?
Dans ce film à l’atmosphère de huis clos, et James Spader, et Maggie Gyllenhaal (DONNIE DARKO, CECIL B. DEMENTED) sont absolument formidables, créant par petites touches des personnages d’une rare complexité. Maggie Gyllenhaal porte son personnage avec une jubilation non dissimulée et change notre perception de son comportement avec une étonnante facilité en nous faisant pénétrer l’esprit de Lee et en provoquant une empathie irrépressible. On reverra Maggie bientôt dans ADAPTATION et on risque même de s’habituer à elle vu le nombre de films (déjà trois de prévu!) qu’elle interprétera en 2003. Qui s’en plaindra?
SECRETARY démontre encore une fois la bonne santé du cinéma indépendant américain qui prouve que la production de ce grand pays au chef belliqueux peut être intelligente, sortir des sentiers battus et faire réfléchir.