Equipe:
Durée : 90’
Genre:
Date de sortie: 21/09/1999
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Elle, c'est Rosetta : un p'tit bout de femme qui chaque jour part au front à la recherche d'un travail. Obsédée par la peur de disparaître dans le donjon des oubliés, des inactifs, elle veut vivre, s'affirmer par un boulot qu'elle trouve, qu'elle perd, qu'elle retrouve, qu'on lui prend, qu'elle reprend, qu'elle vole...Elle, c'est Rosetta : elle vit dans une caravane, sa mère est alcoolique et prostituée occasionnelle. Elle se bat. Dans cette ville où sortir du trou se dit plus facilement que ne se fait, cette adolescente déjà en bout de course s'avance, prête à devenir femme plus par besoin que par envie. Elle, c'est Rosetta : un p'tit bout qui voudrait une vie normale comme eux, parmi eux...
Notre critique:
Haute fut la marche à franchir par les frères réalisateurs depuis LA PROMESSE. C’est avec une indélicatesse rare et une caméra embarquée dans les tribulations d’une survivante que la transition s’est faite. ROSETTA n’est pas une suite ou une autre redite de l’oeuvre des Dardenne, ROSETTA est un film sans concession dédié aux rescapés contemporains, errant à la recherche perpétuelle de leur fierté. La caméra agglutinée à leur héroïne, ils nous obligent à la pister, à nous gaver d’elle, à la comprendre, à l’aimer… à lui voler ses moments les plus intimes.
Un scénario évitant subtilement le catalogue des sans-abris. Une actrice tout simplement formidable : Emilie Dequenne. Une actrice qui explose de (sur-)vie et emporte cette Rosetta, se l’appropriant. Un jeu sobre, fin, vrai, en état de grâce. Un personnage principal qui n’est pas rose bonbon mais bien rouge et noir. Le rouge de son désir, de sa colère, de sa rage de vivre et le noir de ses pensées, de ses actes pour y parvenir.
On ne peut compter tous les jalons que les frères Dardenne ont posés pour renouveler leur cinéma social. Jusqu’au-boutistes, les co-réalisateurs/scénaristes vont jusqu’à empêcher la délivrance salvatrice.
ROSETTA est certes un constat, mais c’est principalement le portrait d’une femme encore enfant regorgeant de vie, véritable béquille pour sa mère et tout à la fois une guerrière urbaine lasse des embûches de la vie. Sans aucun misérabilisme ou voyeurisme malsain, le trio Dardenne-Dequenne vous feront vibrer. Nous ne remercierons jamais assez la hardiesse tout comme la ténacité d’un David Cronenberg, décidément inattendu pour cette Palme d’Or cannoise intensive et osée.