Equipe:
Durée : 112’
Genre:
Date de sortie: 07/11/2000
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Un photographe en chaise roulante profite de son immobilité forcée pour observer la vie des appartements donnant sur sa cour au téléobjectif. Un soir, un cri de femme. Et le photographe de s'attacher particulièrement à un voisin qui sort une nuit d'orage avec deux valises et revient sans et qui nettoie intensément sa salle de bain... Mais où est donc son épouse?
Notre critique:
Amis cinéphiles, savez-vous qu’un film restauré sur cent a la chance de ressortir sur nos grands écrans? Alors réjouissons-nous de la cure de jouvence de ce chef-d’oeuvre Hitchcockien et saluons son retour en salle.
Mais qui sont les coupables?
James Katz et Bob Harris (USA Film / Universal) sont des récidivistes qui ont déjà à leur actif SPATACUS et VERTIGO. Cette fois, ils ont mis plus de deux ans à monter leur coup.
Leur arme? Le dye transfer et quelques doses de numérique (notamment pour la scène du baiser entre Grace Kelly et James Stewart, ce qui a pour effet de ralentir la scène).
Des indices?Des détails, beaucoup, beaucoup, ce qui est un vrai bonheur au regard du scénario du film.
Tiens, par exemple la scène de générique (les retardataires risquent d’être frustrés), où la caméra déroule son long travelling, faisant un arrêt chez tous les voisins pour finir dans l’appartement de L.B Jefferies (James Stewart). Quand on sait le mal de chien que s’est donné Sir Alfred a reconstituer ces 31 appartements (le plus imposant décor de la Paramount sur plateau) on comprend que le sens du détail n’est pas un vain mot dans REAR WINDOW, même si, paradoxalement, l’action se déroule principalement dans une pièce. Cette obsession de la perfection allant même se nicher dans la trame sonore dont le volume se modèle en fonction des actions des locataires, qui pour la petite histoire étaient dirigés par Tonton Hitch avec un micro dans l’oreille. Ce dernier n’hésitant pas à leur balancer des informations contradictoires afin d’obtenir des disputes plus vraies que nature.
REAR WINDOW est avant tout une narration visuelle où la technique s’adapte à l’intrigue. Ce film invente le héros passif sous les traits de Jefferies : reporter photo et donc voyeur professionnel, un accident l’oblige à rester cloué chez lui. Ses seules visites sont celles de Thelma, son infirmière, et de Lisa, une jeune femme qui veut l’épouser. Alors, pour tuer le temps il regarde ce qui ne le regarde pas et espionne au télé-objectif, avec une minutie impressionnante, les faits et gestes de ses voisins. Après quelques jours, il finira par avoir l’intime conviction qu’un d’eux (Raymond Burr) a assassiné sa femme.
Comme dans un miroir, REAR WINDOW nous place dans le même esprit que son personnage, car plus il épie et plus on y prend goût, et lorsque Thelma l’infirmière réprimande son patient, c’est en fait à nous qu’elle s’adresse. Les yeux de Jefferies, les nôtres et la caméra ne font plus qu’un. Et même si Hitchcock nous fait croire que l’intrigue tourne autour de Thorwarld le voisin meutrier, on sait bien que toutes les petites histoires des autres voisins font écho aux vieux démons du maître, sa relation avec les femmes, sa vision du couple, l’impuissance masculine…
Si ce n’est déjà fait, précipitez-vous pour voir ou revoir ce Monument du 7ème art et vous conviendrez que le cinéma peut-être parfois une longue vue pour observer les moeurs de nos congénères.
Ah, j’oubliais : le petit jeu habituel s’impose, je veux parler de trouver l’apparition de Mr Alfred dans le film, bonne recherche…