REALITY part d’une idée originale: pourquoi ne pas mettre en images des transcriptions authentiques d’une conversation entre le FBI et une jeune femme soupçonnée de trahison en tant que lanceur d’alerte? Et pourquoi si ces transcriptions durent 80 minutes ne pas faire un film de la même durée?
C’est donc le pari improbable et pas gagner d’avance que s’est lancé Tina Satter pour son premier film, tiré de sa pièce de théâtre « Is this a room? ». Et elle n’a pas fait dans la facilité jusqu’au bout puisque l’interprète principal de son film n’est autre que Sydney Sweeney dans un rôle à l’opposé de celui (plus sulfureux) de Cassie Howard dans la série à succès Euphoria.
Cela étant précisé, REALITY est un premier film parfaitement maîtrisé tant d’un point de vue scénario que d’un point de vue réalisation! L’utilisation des plans rapprochés en opposition avec des plans plus larges montre une maîtrise de la caméra plutôt rare dans un premier film.
Avec sa narration et sa mise en scène très proches du documentaire, le film est une analyse intéressante de la mécanique d’un interrogatoire et de la façon dont des personnes spécialistes de ce type d’approche arrive à tirer les vers du nez sans violence.
REALITY montre aussi à quel point les Etats (comme les entreprises) n’aiment pas les lanceurs d’alerte, les accusant avec une facilité déconcertante de « trahison » et les traitant comme il traite les terroristes.
Le titre joue ici sur l’ambiguïté puisque c’est le prénom de l’héroïne mais c’est aussi une référence au réalisme dont le film est emprunt. Avoir traduit en images une transcription réelle d’une affaire réelle de lanceur d’alerte donne bien évidemment un ton tout particulier au film, ton qui fait une grande partie de son originalité avec la qualité de l’interprétation. Sydney Sweeney y est en effet pour beaucoup dans cette expérience quasi hypnotique qui est proposée au spectateur.
Une bien belle réussite qui risque hélas de passer inaperçue dans cet été largement dominé par BARBIE et par OPPENHEIMER.