Equipe: Gilles Lellouche, Jeanne Herry, Sandrine Kiberlain, Élodie Bouchez
Durée : 107’
Genre: Drame
Date de sortie: 05/12/2018
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Théo est remis à l'adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C'est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision...ou pas. Les services de l'aide sociale à l'enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s'occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) dans ce temps suspendu, cette phase d'incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s'appelle Alice et cela fait dix ans qu'elle se bat pour avoir un enfant. PUPILLE est l'histoire de la rencontre entre Alice, 41 ans, et Théo, trois mois.
Notre critique:
Il y a trois ans, en 2014, Jeanne Herry faisait une entrée remarquée dans le monde du cinéma avec son premier long-métrage, ELLE L’ADORE. Sandrine Kiberlain y interprétait une fan de chanteur qu’elle aide à cacher le corps de sa femme. Après cet essai réussi, voici que Jeanne Herry revient avec PUPILLE, aventure dans laquelle elle a à nouveau embarqué certains de ses comédiens de ELLE L’ADORE, Sandrine Kiberlain et Olivia Côte.
PUPILLE, c’est l’histoire d’un bébé. Cet enfant, avant même sa naissance, n’est pas désiré. Sa mère est jeune, étudiante et ne peut ni ne veut s’en occuper. Cette mère va dès lors prendre une décision très difficile, celle de l’abandonner. Entre en jeu les différents services sociaux qui vont s’occuper de son cas. Cela va d’une première assistante qui va se charger d’expliquer la procédure à la mère à un père d’accueil qui va accueillir le bébé temporairement à toute l’équipe chargée de trouver une famille d’adoption à la famille elle-même. PUPILLE montre toutes les étapes par lesquelles passent une mère et un enfant abandonné. Cela semble très procédurier, et ça l’est inévitablement mais, le film fonctionne à merveille pour diverses raisons.
La première c’est qu’il y a forcément une grosse charge d’émotion. Quand la mère est à l’hôpital, qu’on découvre son choix, l’assistante sociale arrive. Elle lui décrit tout dans les moindres détails, dans un très beau et touchant monologue. En quelques mots, on comprend la détresse de cette mère et du parcours que va vivre son fils. La charge émotionnelle est forte et happe immédiatement les spectateurs qui ne peuvent qu’être pris par l’histoire et ses protagonistes. La structure n’est pas sans rappeler le superbe REPARER LES VIVANTS. On suivait alors le parcours d’un cœur, du décès d’une personne à sa greffe. C’était procédurier mais l’émotion était présente, ce qui est le cas de PUPILLE. L’enfant est le fil rouge qui montre ensuite tout le déroulement de la procédure entre le moment de l’abandon jusqu’à l’adoption. La seconde raison, ce sont les personnages. Chacun d’entre eux est présenté avec tant de forces que de défauts, défauts qui peuvent parfois se révéler être des forces cela dit. De par leur abnégation, leur motivation et leur dévouement envers cet enfant abandonné, ils emportent les spectateurs dans leur monde et leur donnent de l’empathie, tant pour leur travail que pour l’enfant dont ils s’occupent.
C’est sans doute du chipotage mais il y a tout de même deux aspects légèrement problématiques. Le premier c’est l’introduction du personnage de la mère adoptive, sans doute un peu trop tardive. Le second est le traitement accordé à quelques sous-intrigues inutiles qui viennent quelque peu parasiter la trame principale. L’exemple de la romance, ou flirt, entre une assistante sociale et le père d’accueil est probablement le plus parlant.
PUPILLE doit sa réussite à son écriture avant tout, tant sur l’histoire que sur les personnages mais, il est évident que le casting y est pour beaucoup également. C’est ainsi que les prestations de Gilles Lellouche, Sandrine Kiberlain, Elodie Bouchez, Olivia Côté ou encore Miou-Miou sont à souligner en particulier. Ils apportent énormément de tendresse, de sincérité et d’intensité dans cette œuvre difficile mais ô combien juste. La justesse est probablement le maître mot. Pas une réplique ne dépasse, pas un comédien ne se met au-dessus des autres, tous sont au service du récit et de la réalisatrice qui, décidément, signe jusqu’ici un sans faute.