Pour vivre heureux
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Pour vivre heureux

par Thibault van de Werve
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Atiya Rashid, Dimitri Linder, Salima Glamine, Sofia Lesaffre, Zeerak Christopher
Durée : 90’
Genre: Drame
Date de sortie: 05/12/2018

Cotation:

5 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Amel et Mashir, deux jeunes bruxellois, s’aiment en secret. Ni leurs parents, ni leurs amis ne se doutent de leur relation et encore moins de leur projet de passer l’été ensemble à Londres. Le jour où la famille de Mashir décide de le marier à sa cousine Noor, qui est aussi l’amie d’Amel, c’est tout leur monde qui s'écroule. Comment pourront-ils sauver leur amour sans faire souffrir tous ceux qui les entourent?

 

Notre critique:

Les mariages forcés et arrangés ont déjà fait couler beaucoup d’encre et inspirent les cinéastes. Le drame de Charleroi de 2012 a marqué les esprits en Belgique et c’est ainsi qu’est né le film NOCES. Aux Etats-Unis, on a eu THE BIG SICK, excellente comédie écrite et interprétée par Kumail Nanjiani. Deux films, des thématiques communes et pourtant, des tons différents qui font que chacun a pu apporter sa pierre à l’édifice. POUR VIVRE HEUREUX en apporte une supplémentaire, toute aussi complémentaire et importante que les œuvres précédemment citées. Voici pourquoi.

L’histoire se déroule à Anderlecht où l’on fait la rencontre d’Amel, jeune fille populaire ayant une belle bande d’amies. Ses amies sont issues de la communauté pakistanaise, tout comme l’est Mashir, le garçon qu’elle fréquente en secret. Dans la tradition pakistanaise, il est bien vu que les pakistanais se marient entre eux, parfois au sein même de la famille. C’est ainsi que le jour où Mashir va apprendre que ses parents aimeraient le marier à sa cousine Noor, sa relation avec Amel sera mise en danger.

Avec cette histoire, Dimitri Linder et Salima Glamine peuvent explorer divers types de relations ainsi qu’une communauté dont on sait finalement peu de choses. A travers leurs personnages, c’est de relations familiales et son côté communautaire, de relations d’amitié et relations amoureuses mais aussi de culture et d’ouverture que les réalisateurs parlent. Cette situation va créer des remous dangereux pour les protagonistes, parfois jusqu’à un point de non retour, alors que les principaux concernés sont globalement sur la même longueur d’ondes. Toutes les relations sont mises à mal. Les sentiments de chacun sont mis à l’épreuve. Comment faire triompher l’amour face à des traditions ancestrales? Comment ces traditions peuvent s’inscrire dans la modernité du monde actuel? Toutes les questions ne trouvent pas forcément de réponses, certaines ne sont même pas réellement posées mais sont sous-jacentes.

Pour que le film fonctionne, il fallait que le regard des réalisateurs vis à vis des personnages soit bienveillant. Il n’est jamais moralisateur ni manichéen ce qui était un élément capital. Ils en sont proches puisqu’ils les filment de près, à hauteur de taille ou de tête. La caméra est souvent en mouvement car cette histoire est en mouvement perpétuel bien qu’elle fasse parfois du surplace, tout dépend du point de vue dans lequel on se positionne. C’est carrément la course pour plusieurs des protagonistes. Un mariage, cela peut aller très vite, il faut donc agir en conséquence avant de ruiner les espoirs de chacun. Le rythme du film devient alors presque effréné tant les enjeux sont grands.

Pour vivre heureux

Ces enjeux sont portés par un duo, voire trio, d’acteurs assez saisissants. On connaissait déjà Sofia Lesaffre, qui interprète Amel, pour l’avoir vue notamment dans SEULS (nous l’avions d’ailleurs rencontrée pour cette occasion, vous pouvez retrouver notre entretien ici), NOUS TROIS OU RIEN ou encore LE CIEL ATTENDRA. Avec son partenaire, le novice Zeerak Christopher qui joue Mashir, la jeune comédienne forme un duo de choc qui doit subir toutes les épreuves. Ce duo est entravé par la présence de Noor, incarnée par Atiya Rashid, qui apporte une certaine douceur et sensibilité pour contrebalencer le tempérament d’Amel. Le reste du casting, essentiellement composé de comédiens non professionnels est à la hauteur du talent des comédiens principaux.

Avec POUR VIVRE HEUREUX, Dimitri Linder et Salima Glamine signent une œuvre forte sans sensiblerie ni concessions sur une thématique pas évidente qu’est celle des mariages arrangés. C’est réalisé avec brio et porté par de talentueux comédiens, Sofia Lesaffre et Zeerak Christopher en tête. Bref, c’est le signe qu’un nouveau duo de réalisateurs belges est né car, pour un premier film, c’est on ne peut plus réussi. A quand la suite?

 

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