Possessor
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Possessor

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Possesseur

Cotation:

5 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Tasya Vos travaille pour une association secrète qui l'utilise pour entrer dans le corps de personnes possédant un implant dans le cerveau et les contraindre à devenir des assassins. Les crimes sont alors parfaits puisque le tueur est choisi pour n'avoir aucune raison de tuer la victime...

 

Notre critique:

C’est à Brandon Cronenberg, fils de David, que l’on doit ce POSSESSOR présenté en avant-première au Festival du Fantastique de Gérardmer. Deuxième film du réalisateur après ANTIVIRAL présenté voici 8 ans au BIFFF, ce POSSESSOR est très attendu du public d’amateurs de fantastique, le plus souvent amateurs de la première heure de Cronenberg père.

Si ANTIVIRAL avait déjà fait sensation voici quelques années, ce nouveau film de Brandon part d’un pitch plutôt audacieux et original. Le personnage principal, Tasya, est en effet une femme qui prend place dans le corps de personnes implantées avec un device dans le cerveau afin de les contraindre à  assassiner des cibles qu’une association secrète de tueurs à gages est chargée d’éliminer. En pratiquant cet échange -cette double occupation d’un corps par deux esprits en simultané- les risques de déséquilibre psychologique sont immenses et le récit démarre en mettant en évident ce risque de perte de mémoire ou de confusion.

Sur ce scénario plutôt bien tordu et bien écrit, Brandon Cronenberg propose aux spectateurs un déluge d’images qui parvient à traduire le désarroi de l’occupant et de l’occupé et à faire rentrer (c’est le cas de le dire) les spectateurs à l’intérieur de la tête des deux protagonistes.

Un des intérêts du film réside aussi dans son côté brut, à la fois dans une mise en scène sans fioritures (avec des parties expérimentales toutefois), mais aussi dans le choix des décors ou des appareils servant à envoyer l’esprit de Tasya dans les corps qu’elle occupe. Cet aspect très primitif de l’appareillage renforce la puissance des images et des personnages et donne souvent une impression d’immersion dans une réalité très proche de la nôtre, un peu cradingue et bricolée.

En parlant personnages, il serait dommage de ne pas évoquer la présence de Jennifer Jason Leigh qui avait le rôle principal dans EXISTENZ et qui joue ici un de ces personnages ambigus qui lui vont si bien. En face d’elle, Andrea Riseborough, dans le rôle de Tasya, joue elle aussi la carte de l’ambiguïté qui lui colle souvent au physique entre charme et étrangeté. On se rappellera de ses rôles dans NOCTURNAL ANIMALS, dans BIRDMAN ou encore THE DEATH OF STALIN.

Au final, il est difficile bien sûr de ne pas comparer père et fils, ou en tout cas difficile de ne pas voir la filiation. Certains plans, certaines scènes nous replongent dans l’univers des débuts de David Cronenberg (la scène qui parle des vers dans le corps de Tasya fait immédiatement penser à SHIVERS). Mais Brandon a clairement sa marque et l’on espère que l’on ne devra pas attendre 8 années pour son prochain film…

 

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