Nid De Guêpes
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Nid De Guêpes

par Sylvie Jacquy
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Benoît Magimel, Florent-Emilio Siri, Jean-François Tarnowski, Nadia Farès, Samy Naceri
Durée : 107’
Genre: Thriller
Date de sortie: 12/03/2002

Cotation:

4 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Strasbourg, un 14 juillet. Pendant que la République est toute occupée à célébrer sa fête nationale et les badauds à regarder le défilé militaire passer, Hélène Laborie brillant agent des forces spéciales a pour mission d'escorter jusqu'à sa prison Abedin Nexhep. Grand ponte de la mafia albanaise accusé d'être à la tête d'un vaste réseau de prostitution, ce dernier doit être prochainement jugé par un tribunal européen. Fourgon blindé, haute surveillance et commando surentraîné ne dissuadent pourtant pas les hommes de main du parrain de passer à l'action pour le libérer. Au terme d'une embuscade musclée et d'une folle cavale, la superwoman, sa précieuse cargaison et quelques rescapés, se réfugient dans un entrepôt isolé de la zone industrielle. Là ils tombent nez à nez avec une bande petits braqueurs en train de faire main basse sur un container d'ordinateurs portables, un coup censé leur rapporter gros, surtout en emmerdes...

 

Notre critique:

Après avoir réalisé une trentaine de clips notamment pour le groupe de rap IAM, en 1998 Florent-Emilio Siri poussait la grande porte du cinéma sur la pointe des pieds avec un premier long métrage social et intimiste (UNE MINUTE DE SILENCE) consacré à l’univers de son enfance, celui des mineurs de Lorraine. Changeant radicalement son fusil d’épaule, cette fois-ci c’est un bâton de dynamite entre les dents, le bazooka dans une main et la caméra dans l’autre que le jeune réalisateur défonce les murs et essaye d’imposer sa loi dans le milieu au travers d’un western urbain explosif et 100% boosté à l’action. Ici les bons vieux colts ont laissé place à une artillerie design et ultra sophistiquée (même qu’il paraît que l’armée s’intéresse vraiment à certains modèles, voui môssieur!), la diligence a des allures de tank blindé et le fort assiégé est un hangar alsacien où mercenaires des banlieues et cavalerie féminisée se retranchent pour un assaut final contre une horde sauvage au look de cyber-warrior insectisés.

Voilà le décor est planté et la mise à feu peut commencer, au programme scènes de bravoure et fusillades à gogo, tirs en rafales, vitres brisées, cloisons défoncées, explosions, j’en passe et des meilleures. Bref les balles fusent, ça canarde dans tous les coins, soit deux heures de castagne menées tambour battant, un vrai festival. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce NID DE GUEPES ne s’embarrasse pas de profondeur et de psychologie question scénario. D’ailleurs l’aspect politique (esclavagisme moderne et mondialisation de la prostitution) ébauché lors des prémisses est rapidement balayé pour n’en laisser que quelques miettes particulièrement balourdes et clichées au service d’invraisemblances difficiles parfois à avaler. Bon passons le fond pour le moins plombé et voyons la forme qui se veut bien trempée.

Siri est un réalisateur cinéphile, western, fantastique ou catastrophe, il connaît les genres et ses classiques, de FORT ALAMO à Sergio Leone, d’ALIEN à John Carpenter (on a du mal à ne pas penser à ASSAUT) et encore sans doute à beaucoup d’autres. Mais son grand défaut est de ne pas encore avoir suffisamment digéré les références qui l’ont nourri pour réussir à innover et ne pas tomber dans l’excès et la surenchère. En élève appliqué son savoir-faire et sa maîtrise technique sont efficaces mais son « complexe du corn flakes » (faire aussi bien que les ricains) le pousse à tomber dans le tape-à-l’oeil et la violence stylisée et maniérée. Dommage car l’idée de confier les rôles clés à des acteurs peu habitués au cinéma « nerveux » (à l’exception de Samy Nacéri qui pour une fois n’est pas utilisé pour son sens de la répartie) comme Benoît Magimel ou un étonnant Pascal Greggory, était plutôt judicieux et inattendu.

Même si la principale préoccupation des personnages est de savoir si ils doivent tirer ou pointer, vous l’aurez compris ce film n’a rien d’une partie de pétanque à la Pagnol. Si vous souffrez de problèmes auditifs, que le moindre tir de balle vous fait bondir sur votre siège ou que pour vous cinéma ne se conçoit qu’avec un minimum de poésie visuelle et de dialogues éblouissants, filez dare-dare dans une autre salle. Sonnant et exaspérant pour certains (dont je fais partie), décoiffant et épatant pour d’autres NID DE GUEPES saura sûrement trouver un public à tenir en haleine bien qu’en matière de cinéma d’action pur et dur on ait vu beaucoup plus piquant.

 

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