Titre français : Maudite Aphrodite
Equipe: Woody Allen
Durée : 94’
Genre:
Date de sortie: 23/04/1996
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Alors que son mariage bat de l'aile, Lenny Weinrib (l'ami Woody) se met en tête de retrouver la vraie mère de son fils adoptif qu'il trouve si brillant. Ses recherches le mènent à... Linda Ash (Mira Sorvino), une prostituée au grand coeur et un peu sotte...
Notre critique:
Woody Allen est maintenant bien installé dans la troisième période de sa carrière. Après ses oeuvres entièrement consacrées au comique parodique, sa « cassure » bergmanienne, il mélange l’humour délirant des premières à la psychologie des dernières. Comme pour BULLETS OVER BROADWAY et MANHATTAN MURDER MYSTERY, le mélange fonctionne bien : ici l’histoire new-yorkaise est racontée par un choeur antique au milieu d’un théâtre grec, avec tout ce que ça suppose comme télescopages d’époques farfelus. C’est classique, répétitif, mais ô combien délicieux. Comme d’habitude, les comédiens s’en donnent à coeur joie et c’est normal de voir la prestation drôle et attachante de Mira Sorvino récompensée par l’oscar.
Woody Allen, lui, vieillit. Peut-être mal. Est-ce par un excès d’assurance qu’il donne à son personnage un trop beau rôle : le bon père de famille dont la femme s’égare et qui remettra une prostituée sur le droit chemin? Il se fait plaisir en organisateur de bonheur. On lui connaissait une plus grande finesse psychologique et narrative. Brusquement, l’auteur de CRIMES ET CHATIMENT devient simplificateur et autocomplaisant. Ce n’est pas le seul reproche qu’on peut lui faire. On se demande pourquoi il continue à travailler avec le chef-opérateur Carlo Di Palma. S’il a cessé de faire trembler intempestivement sa caméra, il ne fait aucun effort sur le rendu des couleurs : ses images sont plates et les couleurs pisseuses. On regrette de loin les noir et blanc de Gordon Willis ou les bruns dorés de Sven Nikvist.
Pour son trente-et-unième film, Woody Allen prend un peu de repos. MIGHTY APHRODITE est bien agréable certes, mais mineur. Peut-on lui en vouloir? Non. Cela fait vingt-huit ans qu’il nous fait partager annuellement son amour du cinéma. Même ses coups de fatigue contiennent un plaisir communicatif qu’on aurait tort de rejeter.