Ma Mère
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Ma Mère

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Christophe Honoré, Emma de Caunes, Isabelle Huppert, Louis Garrel
Durée : 110’
Genre: Drame psychologique
Date de sortie: 18/05/2004

Cotation:

1 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Les Canaries. Pierre est de retour chez ses parents. Son père et sa mère sont devenus indifférents l'un à l'autre. La haine s'est même installée peu à peu dans leur couple. Aussi, lorsque son père s'en va en voyage d'affaires, Pierre s'insinue rapidement dans ce vide affectif accaparant sa mère. L'annonce de la mort de son père à l'étranger aggravera encore les choses...

 

Notre critique:

En lisant dans le générique du début: ‘Bernard Henri Lévy présente…’, le spectateur devrait se méfier d’emblée… Quand un intellectuel se penche sur le berceau d’un film quel qu’il soit, on peut craindre les pires des déviations. Et ici, même si BHL n’apparaît nul part ailleurs au générique, son nom est le garant de cette volonté d’intellectualiser le sujet de MA MERE. Or le film porte sur les difficiles rapports entre un fils et sa mère, fils qui voue un culte absolu à une mère qui va s’acharner à détruire cette foi pour transformer son image de sainte en image de pute. De mère, elle deviendra initiatrice de la dépravation, des plaisirs et du sexe. Tandis que le fils lui glissera d’un mélange de piété, de sainteté vers un modèle de perversion.Vous l’aurez deviné: ce mélange ‘intellectuel – descente aux enfers’ se traduit hélas par un film cru, provocateur, souvent gratuit et à maintes reprises ennuyeux.

Et l’on ne s’étonnera pas de voir Isabelle Huppert, une des actrices françaises les plus intellectuelles, dans le rôle titre de MA MERE. Son immense talent lui permet de passer sans problèmes de la déclamation sérieuse et intello à la vulgarité absolue avec une aisance remarquable. Cela devrait sans doute lui apporter un rôle tout fait dans un des prochains Catherine Breillat. Par contre, la surprise est beaucoup plus grande de trouver Emma de Caunes, toujours aussi minouche, dans une interprétation qui la met à nu dans tous les sens du terme.

Mais ce n’est pas le talent des acteurs qui peut être mis en cause dans l’agacement que l’on ressent à la vision du film. Non, c’est bien le récit, l’enrobage pseudo-intellectuel et la mise en scène voyeuriste de Christophe Honoré qui entraîne le spectateur quelques fois au bord de l’écoeurement. Les scènes de sexe, provocatrices, longues et inutiles, la caméra souvent portée à l’épaule, les Canaries présentées comme les îles de la décadence, tout cela hélas sent plus l’étalage provocateur qu’une réelle réflexion sur l’inceste, ou sur les rapports mère-fils. « On a été un peu loin » dit le personnage d’Huppert… C’est aussi le sentiment du spectateur à la fin du film…

Finalement, au lieu d’un film intelligent et dénonciateur, on se croirait surtout dans un mauvais épisode d’Emmanuelle avec un inventaire de toutes les perversions allant de l’exhibitionnisme au masochisme en passant par le sadisme et l’inceste. La symbolique est lourde, grasse et glauque et ne mène à rien si ce n’est à l’ennui profond du spectateur. Vous voilà prévenus…

 

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