Gaspar Noé aime provoquer. Il aime la controverse et a un talent indéniable de réalisateur. Tout cela l’a conduit, de SEUL CONTRE TOUS à ENTER THE VOID en passant bien sûr par IRREVERSIBLE, à faire des films qui font réfléchir et qui interpellent, tous bien loin des courants classiques du cinéma français.
Avec son LOVE présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2015, il a, encore une fois, lancé une polémique en proposant cette fois-ci rien de moins qu’un film pornographique (les scènes de sexe et de pénétration sont on ne peut plus explicites) aux accents de drame de couple.
Car c’est bien d’un couple qu’il s’agit au départ, un couple lié non par l’amour mais par une sexualité exacerbée qui les emporte au-delà de l’amour fou, dans une recherche de nouveaux horizons liés à leur sexualité. C’est comme cela qu’ils finiront notamment dans un ménage à trois qui va mettre définitivement en péril leur vie à deux.
Sur ce sujet plutôt basique, Gaspar Noé élabore donc un film hélas trop long où les nombreuses scènes de copulation n’en finissent pas de masquer le sujet en entraînant le spectateur dans une vision du couple par le petit bout du sexe. Qui plus est, Noé a choisi la difficulté: il nous sert un personnage principal qui n’est finalement qu’un con en colère. Or il est assez évident qu’il est difficile de faire adhérer le spectateur à la vie d’un imbécile guidé seulement par le sexe.
De cliché en cliché (celui qui tombe amoureux est le perdant, l’idéalisation du couple conduit à sa destruction), LOVE distille parfois quelques perles, quelques moments de grâce portés par des acteurs qui se sont impliqués à fond (sans jeux de mots bien sûr) dans leur rôle, mais qui hélas ne parviennent pas, au-delà de la pornographie, à faire naître à l’écran l’amour fou qui est censé imprégné ce couple.
En définitive, LOVE est un peu à l’image du gros plan d’éjaculation en 3D, un film dont le contenu hélas se perd dans la forme…