Equipe:
Durée : 105’
Genre:
Date de sortie: 17/12/1996
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Pierre et Benoît, la trentaine chacun, sont potes depuis, ouh, au moins ça. Si Pierre est du genre rentre dedans, Benoît fait plutôt dans le style chien battu. Benoît rencontre Marie et ils s'aiment. Benoît présente Marie à Pierre et il l'aime, ce qui ne facilite pas les choses puisque Pierre et Benoît sont potes depuis, ouh, au moins ça.
Notre critique:
LOVE ETC est un drôle de film, alternant qualités et défauts avec sin- et ré-gularité. Les dialogues: parfois inutilement verbeux, tantôt verbalement inspirés. La mise en scène: parfois plate à tomber à la renverse (la première scène avec Charlotte Gainsbourg! « -Tiens, la caméra, j’la mets où? -Heu, la caméra? Ben heu, tu la mets là en face du lit et tu cadres pour qu’on voie bien toute la scène sans avoir à la bouger. »), parfois illuminée par les éclairs d’une inspiration qui laisserait à penser que l’on n’a pas à faire au même réalisateur! Il y a même des scories que rien ne sauve. Ces images troubles qui feraient croire que l’opérateur caméra était atteint de conjonctivite, ou cette lumière peu soignée qui rend les scènes d’extérieur surexposées dans la plupart des cas (le ciel est tout blanc et déborde sur les autres couleurs, rendant les formes fantomatiques), et les scènes nocturnes presque illisibles.
Heureusement, il y a le scénario. A la fois troublant, enjoué et toujours soucieux d’éviter le pathos (crises de larmes, cris et tragédie), il n’hésite pourtant pas à aller au bout d’une situation que l’on a sûrement tous craint d’avoir à vivre: « et si mon meilleur pote tombait amoureux de ma femme? » Proche du cas d’école, LOVE ETC évite de ressembler à un exercice de style grâce à l’étincelle de vie et de réalisme que lui insuffle un trio d’acteurs épatants.
Profitons-en pour saluer une fois de plus Charlotte Gainsbourg, pierre on ne peut plus précieuse d’un cinéma français qui a tellement besoin de cette luminosité-là. Charlotte Gainsbourg n’a pas besoin d’être triste pour rendre un personnage poignant. Elle n’a pas besoin de prendre des mines cafardeuses pour donner à son personnage la gravité requise. Ses personnages, elle ne les joue pas sur la gamme du plus ou moins de gris dans le regard pour en exprimer les émotions, mais sur celle du plus ou moins de sourire. Elle bouleverse ainsi les habitudes déprimantes du cinéma d’auteur français qui fait trop souvent rimer profondeur d’âme d’un personnage avec jeu d’acteur neurasthénique.
Elle est à elle toute une grande une excellente raison de jeter un oeil sur ce LOVE ETC, décidément bien attachant.