Equipe: Andréa Bescond, Clovis Cornillac, Karin Viard, Pierre Deladonchamps, Éric Metayer
Durée : 103’
Genre: Drame biographique
Date de sortie: 09/01/2019
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
La jeune Odette dessine sur son tableau chez elle. Soudain, Gilbert, un ami de la famille, débarque dans sa chambre en lui proposant de jouer avec elle à la poupée dans la salle de bain.
Notre critique:
La jeune Odette, c’est Andréa Bescond. Andréa Bescond qui a souffert un traumatisme énorme mais qui s’est reconstruite par la danse et par un spectacle de théâtre où, seule en scène, elle parvenait à révéler, avec humour et émotions, son enfance abusée par “l’ami de la famille”, Gilbert, celui qui aimait faire des « chatouilles ».
Molière du “seul(e) en scène” en 2016, “Les chatouilles ou la danse de la colère” est une pièce essentielle, dénonciatrice, qui ne tombe dans aucun pathos, devenant ainsi salvatrice, non seulement pour Andréa mais sans aucun doute pour toutes les autres victimes de violences sexuelles.
Il paraissait donc tout aussi essentiel de porter cette histoire au cinéma pour toucher encore plus de personnes (entendez spectateurs) qu’avec la pièce de théâtre. Mais pour cela, il fallait une adaptation et pas une copie conforme, le théâtre n’étant pas le cinéma, et inversement. Et c’est justement ce que sont arrivés à faire, avec beaucoup de talent, Eric Métayer et Andréa Bescond. Ils ont réussi à donner de la chair au matériel de base (le seul en scène) tout en en conservant la force!
Avec un sujet aussi grave, il est presque obligatoire de parvenir à désamorcer celui-ci de temps à autre pour laisser au spectateur le temps de respirer -et de réfléchir. C’est le rôle de l’humour mais aussi du passage de la petite enfance à l’Odette adulte, de l’introduction du rêve et du fantasme, utilisés eux aussi par Odette pour “échapper” à l’horreur.
On l’a dit, la pièce reposait entièrement sur Andréa Bescond seule sur scène, le film, lui, bénéficie d’un casting très juste, Karin Viard (BECASSINE, LA FAMILLE BELIER) et Clovis Cornillac (BELLE ET SEBASTIEN 3) étant parfaits dans le rôle des parents aveugles et aveuglés, tandis que Pierre Deladonchamps, habitué aux rôles difficiles (PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE, L’INCONNU DU LAC), compose l’ami Gilbert avec une crédibilité à faire froid dans le dos.
Film en montagnes russes, LES CHATOUILLES est un film fort, magnifiquement porté par l’énergie d’Andréa Bescond qui nous emmène du rire à l’horreur (il n’y a pas d’autres mots) avec un indéniable talent. A ne manquer sous aucun prétexte et à montrer aux jeunes adolescent(e)s pour que cela n’arrive plus jamais…