Equipe:
Durée : 85’
Genre: Drame psychologique
Date de sortie: 16/11/2004
Cotation:
4/ 6
Si vous avez manqué le début:
Réalisateur de radio, le poète Jean SENAC, pied noir qui a choisi de rester en Algérie après 1962 -année de l'indépendance de lAlgérie- est, dix ans plus tard, surveillé par la police du régime.
Ses récitals poétiques à travers le pays, attirent un public populaire et son émission "Poésie sur tous les fronts" rencontre un réel succès auprès de la jeunesse.
Ainsi, quand deux jeunes étudiants, HAMID et BELKACEM, apprennent que la pièce qu'ils ont écrite et présentée au premier Festival National du Théâtre Algérien est déclassée, sous le prétexte qu'ils l'ont jouée en Français, leur peine va être atténuée par la présence en coulisse de Jean SENAC qui les félicite.
HAMID et BELKACEM vont devenir des intimes du poète et assister à son combat pour la liberté et la culture de la jeunesse Algérienne.
Combat qui mènera SENAC jusquau martyr: sa mort par assassinat, une nuit daoût 1973, dans la cave qui lui servait d'appartement. Assassinat dont HAMID sera accusé...
Notre critique:
Présenté en 2003 au Festival International du Film Francophone de Namur, LE SOLEIL ASSASSINE est une co-production des frères Dardenne (une belle signature!) qui raconte la fin de la vie du poète Jean Sénac assassiné en Algérie en 1973 dans l’indifférence à peu près générale.
En suivant la personnalité de ce poète à l’homosexualité affichée et qui avait choisi de rester en Algérie après l’indépendance de 1962, Abdelkrim Bahloul, réalisateur et scénariste, jette sur son pays un regard critique, illustrant les conflits humains qui émaillent l’histoire de l’Algérie indépendante qui se cherche hélas toujours.
Le réalisateur algérien qui a fait ses études en France montre que l’indépendance n’est hélas pas parvenu à faire évoluer les moeurs. 10 ans après celle-ci, les mentalités sont retournées en arrière. Et l’ordre en place rogne les ailes de tout ce qui a un goût de liberté à l’image d’un Jean Sénac par exemple. Celui qui s’est battu pour la liberté de l’Algérie se fait jeter comme un malpropre et se voit de plus en plus isolé dans un pays qui le met au ban de sa société. Les jeunes qui le suivent et qui, d’une certaine façon le vénèrent, seront eux aussi mis au pilori. Le gouvernement utilisera la langue comme prétexte de refus de l’expression théâtral et poétique. Ce prétexte réveillera sans doute de nombreux échos chez le spectateur belge d’aujourd’hui et ce qui était vrai dans l’Algérie de 72 l’est hélas encore chez nos politiques…
La mise en scène, simple, sans fioritures, laisse la place aux talents des interprètes mais Charles Berling se hisse au-dessus du lot. Excellent, toujours emprunt d’un naturel étonnant quel que soit le rôle qui lui est confié, il incarne, sans difficulté aucune, un Jean Sénac plus vrai que nature. A lui seul il vaut la vision du film… Et comme en plus, LE SOLEIL ASSASSINE en vaut la peine, cela fait deux raisons de vous rendre dans les salles qui le projettent.