Kierkegaard, philosophe aride, n’a pas le rire facile. Danièle Dubroux est pourtant parvenue à retirer de son texte austère et moral une comédie plaisante, mais qui laisse une impression mitigée.
Malgré la jeunesse des protagonistes, il y a quelque chose de vieilli, autant dans les personnages (Melvil Poupaud s’habille en noir, vit dans un obscur appartement de maître du siècle précédent, croule sous les vieux livres et dialogue avec un voisin aux obsessions morbides) que dans la manière de réaliser, reprise des aspects discutables de la Nouvelle Vague: histoire incomplète, image granuleuse par manque de soin, jeu « en-dessous » ou rigide (Melvil Poupaud, Chiara Mastroiani – déjà plus inspirée – et l’incontournable Jean-Pierre Léaud), découpage désinvolte qui casse le rythme de trop de scènes. Tout ça sent la poussière.
Par contre, Danièle Dubroux a su créer quelques moments de bonheur, formidables d’humour et de tendresse, les réservant principalement à Mathieu Amalric, hilarant en apprenti séducteur en quête de sa sexualité. En voyant ces scènes rythmées par un dialogue alerte, on se dit qu’il est vraiment dommage de voir un style cinématographique approximatif casser un scénario aussi drôle qu’élégant.