Equipe:
Durée : 118’
Genre:
Date de sortie: 14/05/1996
Cotation:
4/ 6
Si vous avez manqué le début:
Harry est responsable de la formation des commerciaux d'une banque tendance "Heil Profit!". La quarantaine malheureuse, il assume mal un mariage raté, une paternité boiteuse et un boulot dont les valeurs (souriez, soyez enthousiaste, donnez l'impression d'avoir du succès et regardez le client dans les yeux!) lui semblent chaque jour un peu plus caduques. Harry est un cadre en train de passer à côté de sa vie.Georges, lui, vit dans une institution. Il rêve de sa maman qui l'aimait plus que tout mais qui est maintenant au ciel. Il écoute les chansons de Luis Mariano. Georges est mongol et voudrait vivre dans la vraie vie. Le hasard fera se rencontrer Harry et Georges. Pour l'un comme pour l'autre, ce sera l'occasion de découvrir ou de redécouvrir ce que le monde a vraiment à nous offrir si nous faisons l'effort d'ouvrir les yeux. Redécouverte susceptible d'apporter un peu d'équilibre. Découverte capable de tout faire basculer.
Notre critique:
1987: TOTO LE HEROS a marqué le cinéma belge. Enfin, un film belge faisait parler de lui pour autre chose que sa belgitude languissante et son passage obligé par une plage ostendaise. Il y avait dans ce film une légèreté dans la gravité et une qualité dans la réalisation (une lumière pas obligatoirement tristounette, des mouvements de caméra un peu plus évolués que le travelling de base, …) qui détonnaient agréablement dans le tout (petit) venant de notre production nationale. Certes TOTO… n’était pas exempt de défauts, loin de là, le pire étant son côté florilège des hommages-au-cinéma-que-j’aime, mais il avait au moins le mérite de mettre de la couleur à la place du gris et d’oser un message humain plutôt encourageant au-delà des drames qu’il décrivait. Le public ne s’y était d’ailleurs pas trompé, puisqu’il a fait du premier long métrage de Jaco Van Dormael un véritable succès populaire. C’est dire si les aficionados de Jaco attendaient son deuxième opus avec impatience.
Et le voilà, ce deuxième opus.
Les sentiments qui nous envahissent lors de la vision du 8ème JOUR sont multiples et ont à la fois de quoi enthousiasmer et de quoi agacer.
Agacer, parce que les trop nombreux points communs existant avec TOTO… sont trop grossiers – au sens « trop évident » -, et que Van Dormael n’a pas assez de films derrière lui pour qu’on puisse parler de figures thématiques ou stylistiques récurrentes. A titre d’exemple, la voix off du début qui rappelle immanquablement celle du début de TOTO… Ou encore le parcours général du héros que la vie a floué. Toto et Georges même combat. Et puis l’envol de la fin. Et aussi ce goût pour les chansons surannées. Tous ces motifs trop identiques viennent ternir le plaisir que l’on sent pourtant proche.
L’agacement provient également du fait que ces figures sont toutes d’une désarmante naïveté. Il y a là un humanisme presque enfantin qui finit par gêner. Parfois c’est touchant (la petite souris), parfois c’est « trop » (l’envahissement de la foire). D’autant que cette naïveté s’accommode assez mal d’une mise en scène souvent étonnante et audacieuse (l’avion au début). En effet, de nombreuses scènes pourraient être issues d’une production US sévèrement burnée. En soi, ce n’est pas un défaut, mais cette force visuelle étouffe la naïveté les faisant paraître l’une et l’autre mal à propos.
Mais n’oublions pas qu’il y a de quoi s’enthousiasmer, en gros pour les mêmes raisons. Et parce que Jaco mène ses héros au bout de ses idées qui, même si elles ressemblent à celles de TOTO…, restent surprenantes dans leur mélange de désespérance, de tranquillité et de justesse.
Avec son deuxième film, Jaco Van Dormael reste formellement fidèle à lui-même tout en insufflant un peu de profondeur dans son propos. Un de ces jours, cela devrait déboucher sur un film clouant du point de vue formel et bouleversant quant au propos. Allez, un peu de patience.