Equipe:
Durée : 112’
Genre:
Date de sortie: 07/03/2000
Cotation:
4/ 6
Si vous avez manqué le début:
Dans une ville de province,un directeur d'usine doucement beauf est profondément bouleversé par une actrice de théatre jouant dans une pièce à laquelle il assiste, contraint et forcé par son épouse. Et voilà notre quarantenaire borné poussé par ces raisons que la raison ignore à fréquenter un milieu dont il ignore tout !
Notre critique:
Agnès Jaoui, compagne de Jean-Pierre Bacri, réalise en solo ce film dont le scénario fut écrit en couple.
Autant dire tout de suite que la griffe Jaoui – Bacri marque LE GOUT DES AUTRES d’une empreinte incontestable. De CUISINE ET DEPENDANCES à UN AIR DE FAMILLE en passant par NO SMOKING / SMOKING, ils ont creusé de la pointe de leur plume un sillon qui leur est propre dans le monde du dialogue et du scénario. Leur cadre d’inspiration: le quotidien peuplé de monsieurs et mesdames tout-le-monde et les rapports (familiaux, amoureux, amicaux, de travail) qui les font vibrer, râler, espérer, mentir, être mesquin, gentil… Le tout sur un mode piquant qui tape souvent au but, c’est à dire là où ça fait un peu mal.
Ce qui est agréable chez Jaoui – Bacri c’est que le côté piquant cache toujours un coeur gros comme ça. Le personnage le plus lamentable n’est jamais celui que l’on croit. Il y a dans leurs scénarios un rassérénant crédo en la capacité d’éveil, ou plutôt de réveil, de l’individu assoupi par le poids des habitudes, dont l’éducation et le milieu culturel au sens large sont les premiers pourvoyeurs. Ce crédo, pour naïf qu’il puisse paraître, n’est jamais mièvre pour autant. Il est simplement encourageant et, pour peu, nous amènerait à faire ces petits efforts d’ouverture qui sont susceptibles de nous faire voir notre réalité sous un autre jour. Pas mal pour un film, pas mal.
A côté de cela, préciser qu’Agnès se débrouille aussi bien avec sa caméra qu’avec ses acteurs, ne fait que rajouter à un plaisir déjà bien intense.
LE GOUT DES AUTRES a donc le goût de ses auteurs, en l’occurrence c’est un réel bonheur. Il faut juste espérer que ce qui est enthousiasmant aujourd’hui ne se transforme pas au fil du temps en mécanique d’écriture, ravalant le bon fond de ces histoires simples en fond de commerce.