Equipe:
Durée : 107’
Genre:
Date de sortie: 09/04/2002
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Parce qu'il tire sur tout ce qui bouge et qu'il a tué le frère du Turc son pire ennemi, dans le milieu on le surnomme le Caïd. Mais pour l'administration pénitentiaire où il est pensionnaire depuis bientôt sept ans, Gérard Moltès est un détenu sans histoires qui attend patiemment la quille. Au fil des années il a même fait copain-copain avec Reggio son maton préféré avec qui il joue au loto toutes les semaines. Et puis un soir c'est le jackpot, ses six numéros sortent, 15 millions! Impatient de toucher son magot, comme par hasard dès le lendemain notre homme apprend que son ami Reggio n'est pas prêt de revenir pointer le bout de son nez à la prison puisqu'il est en congés maladie pour une durée indéterminée. Fou furieux, pensant que ce dernier s'est sauvé avec son ticket gagnant et bien qu'étant à moins d'un mois de sa sortie, Moltès se fait la belle. Objectif casser la tête au premier et récupérer au plus vite le second pour pouvoir toucher son pactole. Oui mais voilà, Reggio déprimé depuis que sa femme l'a quitté est sur le point de se suicider et ne sait pas où Pauline a rangé le ticket magique. Partie en Afrique jouer les infirmières au grand coeur sur le rallye des sables, en guise de gros lot provisoire Moltès n'a pas d'autre solution que de traîner Reggio avec lui pour aller à sa recherche en plein désert.
Notre critique:
Une affiche tape à l’il et quelque peu racoleuse, un casting sympatoche et quelques têtes particulièrement vendeuses, même si ce BOULET sent le bon gros blockbuster bleu blanc rouge, on a malgré tout envie de lui dire banco, histoire de se muscler un peu les zygomatiques et d’essayer de se décrocher la mâchoire. Y’a pas de mal à se faire du bien d’autant qu’en ce moment pour les scénarii façon tragédie grecque ou drame Bergmanien, l’actualité tristoune et morose nous offre suffisamment de quoi débattre. Oui mais voilà, faire rire ne se décrète pas et on a beau y enfourner tous les bons ingrédients qui ont fait le succès des comédies tandem façon Oury (LA GRANDE VADROUILLE) ou plus récemment Francis Veber (L’EMMERDEUR, LA CHEVRE) y ajouter une bonne dose d’aventure dépaysante et de spectaculaire explosif (pour rajeunir le genre?), de la tchatche et des bons acteurs; faire une bonne poilade réclame aussi un brin de talent, une touche personnelle et beaucoup de finesse et de subtilité dans les dosages.
Tombé dans la marmite du cinéma dès ses premières couches culottes on imagine assez bien que le fiston de producteur-réalisateur Claude Berri avait très peu de chances d’embrasser un carrière dans la filière boucherie-charcuterie. Mais pour sa première grosse production, il faut bien admettre que Thomas Langmann ne s’est rien refusé et a sans doute eu un peu les yeux plus gros que le ventre dans cette aventure qui part ouvertement à l’assaut du box-office. Non content de co-financer la chose, il l’a également co-écrite et s’est même fait plaisir en s’y ajoutant un petit rôle, enfin pour que chacune de ses volontés boulimiques et de ses fantasmes scénaristiques soient respectés, il s’est entouré de deux réalisateurs (la rumeur voulant que l’un des deux n’était pas jugé assez docile). Si chacun est parfaitement convaincu que le cinéma est loin d’être une science exacte, il n’empêche que pour rallier le spectateur à sa cause, un minimum d’intérêt et de cohérence dans l’intrigue s’imposent. Or ici les délires d’écriture du rejeton ont bien du mal à passer à l’écran et son histoire cartoonesque a tendance à tomber un peu dans le n’importe quoi. Et son film ne se résume malheureusement qu’à une succession de gags bien lourds et douteux entrecoupés de scènes aux effets spéciaux spectaculaires et poussifs qui plombent désepérement l’action et le jeu des acteurs qui ne demande qu’à décoller.
Pour sauver cette surenchère d’humour franchouillard ras les dunes (passons sur les blagues de mauvais goût et limites racistes), Gérard Lanvin en gros dur au grand coeur distributeur de claques et Benoît Poelvoorde en abruti attachant comme il sait si bien les jouer, sont obligés de se surpasser. Le talent et la générosité de ces deux là ainsi que leur complicité avec les seconds rôles (même si on aurait aimé retrouver la pilosité de José Garcia et l’accent de Rossy de Palma dans de meilleures conditions), sauvent LE BOULET du bouillon et du classement au rang de navet. Les mauvaises langues n’y verront que le jouet (très cher) d’un gosse gâté, les optimistes sauront trouver dans cette gauloiserie quelques instants pour se détendre les maxillaires quant aux inquiets, ils seront rassurés de savoir pourquoi la grande roue du jardin des Tuileries a disparu du paysage parisien.