La vie d’Adèle, chapitres 1 & 2

La vie d'Adèle

Nouveau film du réalisateur Abdellatif Kechiche (L’ESQUIVE, LA GRAINE ET LE MULET), LA VIE D’ADELE a réellement été le choc du Festival de Cannes de cette année. Palme d’Or bien sûr mais une Palme d’Or tout à fait particulière puisqu’elle a été partagée par le réalisateur et les deux actrices principales, fait qui ne s’était jusqu’à présent jamais produit. Mais aussi un film qui a fait quasiment l’unanimité de la presse présente au Festival…
C’est dire donc que LA VIE D’ADELE arrive sur nos écrans auréolé d’un énorme prestige et d’un immense mérite que le public confirmera ou non.
Mais avant d’être un film LA VIE D’ADELE a d’abord été une bande dessinée de Julie Maroh (« Le bleu est une couleur chaude ») très remarquée elle aussi à sa sortie en 2010. Et ce n’est pas étonnant qu’un cinéaste du quotidien et du vrai comme Kechiche se soit emparé librement d’une oeuvre telle que celle-là la coulant au mieux dans son propre univers.
Regard sur l’adolescence qui passe à l’état adulte en se cherchant encore et encore, tant au travers de la sexualité que du rapport avec la société (Adèle et Emma ne sont pas issues du même milieu), LA VIE D’ADELE est d’abord un vrai choc cinématographique. Rappelant les oeuvres d’auteurs réalistes et celles du cinéma vérité (de Loach, Rhomer, Rivette ou Pialat), le film de Kechiche est avant tout un film sur la passion naissante, sur les premières amours, celles dont on dit qu’elles sont les plus fortes, le tout filmé en plans serrés, au plus près des deux interprètes.
Et quelles interprètes! De tous les plans, Adèle Exarchopoulos, Adèle dans le film et Clémentine dans la BD, est d’un naturel magnifiquement transcendé par la caméra d’Abdel Kechiche. Tantôt naturellement attirante, tantôt défaite, elle ne joue pas, est Adèle, elle est surtout une formidable illustration de la vie et de la passion que le réalisateur à su saisir au travers d’elle. Parfait contrepoint et en même temps parfaite de complémentarité, Léa Seydoux campe Emma, le coup de foudre passionnel, l’initiatrice de tous les désirs d’Adèle. Que ce soit dans le quotidien ou dans les scènes crues et charnelles qui les rassemblent, les fusionnent même, elles sont toutes deux magnifiques et leurs interprétations magistrales.
L’ampleur de la passion sera égale à l’ampleur de la rupture encore une fois merveilleusement transcrite par la caméra de Kechiche qui parvient, au bout des trois heures que durent le film, à nous faire ressentir à la fois la passion infinie qui a uni deux êtres mais aussi l’infinie tendresse qui les unira à jamais.
En conclusion, LA VIE D’ADELE est un film rare, transcendant magiquement le quotidien, recréant celui-ci au plus près de notre sensibilité pour que nous le vivions chacun au plus profond de nous… A voir absolument!

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