Kolya

Kolya

par Jean-Dominique Quinet
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe:
Durée : 105’
Genre:
Date de sortie: 15/04/1997

Cotation:

5 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Louka est violoncelliste. Il joint difficilement les deux bouts. S'il n'est pas en train de repeindre en poudre d'or les noms gravés sur les pierres tombales, c'est qu'il joue dans l'orchestre du funérarium. Pour s'en sortir, le voilà contraint d'accepter un mariage en blanc, pour aider une jeune mère russe à obtenir des papiers. Elle le quitte presque aussitôt et s'exile en Allemagne. Mais elle abandonne à Prague son petit garçon, KOLYA, qui ne parle que le russe. Louka doit mettre de côté son cynisme et ses habitudes de célibataire pour s'en occuper.

 

Notre critique:

Incroyable. Chaque année, l’oscar du film étranger récompense une oeuvre inconnue, au nom exotique et pas évocateur pour un sou. Car, que celui qui avait entendu parler de KOLYA avant la cérémonie nous contacte: on serait bien curieux de savoir s’il ne coule pas un peu de sang tchèque dans ses veines. Eh oui! KOLYA est tchèque, et malgré un succès certes appréciable dans sa patrie, sa renommée n’a pas filtré au-delà des frontières. Incroyable. Et finalement flatteur, ce choix d’un jury qui n’a pourtant pas brillé en récompensant douze fois une autre histoire, plus commerciale celle-là.rnrn

Dans KOLYA, il y a des personnages épais et sympathiques. Même les policiers des services de renseignement et les soldats russes ont une âme. Les hommes ont le fond bon. Ce sont les circonstances qui les rendent amers. Tout ce beau monde est interprété par des illustres inconnus (Non! Non, Eric! L’acteur principal n’est pas Sean Connery!). Ils investissent l’écran avec tendresse, toujours justes, jamais pompeux.rn

Dans KOLYA, il y a ces militaires qui passent et repassent en camion pour affirmer leur présence. Ils n’en peuvent rien, et ne demandent pas mieux que de lier connaissance avec la population. Mais l’histoire a dressé des barrières entre l’occupant et l’occupé. Principes absurdes, mais immuables. Principes balayés par la révolution de velours, qui libère le pays en 1988. Les changements politiques trouvent leurs échos dans le coeur des intervenants et leur apportent la paix.rn

Dans KOLYA, il y a la magie. La magie des enfants, de leur présence et de leurs regards chargés de tendresse. La magie de l’amour, qui donne le hoquet aux femmes. La magie slave tout court, qui envahit subtilement l’histoire, sans la déformer, juste pour la teinter de poussières irisées. Elle donne à KOLYA l’humilité et la majesté des grandes oeuvres.rn

Oui! C’est un sacré coup de coeur. Même s’il ne renouvelle pas fondamentalement notre paysage cinématographique, KOLYA fait mouche. Il nous fait rire et pleurer. Il nous ouvre les yeux et colporte un message optimiste et pacifique. Un cadeau comme celui-là, on ne le refuse pas.