Equipe:
Durée : 170’
Genre:
Date de sortie: 30/12/1998
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
un flic têtu, Al Pacino, parvient à démonter un gang de braqueurs dirigé par Robert de Niro...
Notre critique:
Une telle campagne de publicité autours d’un film fait toujours un peu peur. Un casting dominé par les plus grande stars du moment (Al Pacino, Robert de Niro, Val Kilmer), la promesse de grosses scènes d’actions (on a rarement vu autant de fusils d’assaut et de gilets pare-balle sur des photos de promotion), un réalisateur à succès mais pas toujours personnel (Michael Mann): tout cela laissait présager un montage commercial sans âme, voire racoleur.
Heureusement, ces craintes sont vaines : la rencontre financière est aussi une rencontre artistique.
HEAT est un grand film.
La trame s’apparente à un polar classique : un flic têtu, Al Pacino, parvient à démonter un gang de braqueurs dirigé par Robert de Niro. Mais on l’oublie bien vite. Car le véritable moteur dramatique, c’est la vie de couple des nombreux protagonistes. Michael Mann, également scénariste, a imposé avec bonheur une sensibilité peu commune dans une histoire aux apparences outrageusement viriles. Il est d’ailleurs injuste qu’affiches et bande annonce relèguent au second plan le rôle des femmes, personnages primordiaux, interprétées par Diane Venora et Ashley Judd avec un talent comparable à celui des vedettes masculines. Le spectateur vibre autant au suspense traditionnel d’une course poursuite jusqu’auboutiste qu’aux nombreuses déchirures sentimentales provoquées par celle-ci. La multiplication des personnages et des intrigues secondaires donne un volume inhabituel au film qui se développe pendant près de trois heures sans jamais perdre de l’intérêt.
Dès les premiers plans, on sent l’attention que Michael Mann porte à la profondeur de ses personnages. Focale très longue, cadrage serré sur les visages, décor noyé dans le flou : il cherche le non-dit dans le regard de ses comédiens. C’est pour cela qu’il utilise tout un casting de « gueules » (notamment John Voigt, méconnaissable), qui portent toute la puissance de leur rôle dans leur seul visage. Et même si les personnages sont peu subtils (Pacino n’est rien d’autre qu’un flic têtu, de Niro un bandit en fuite qui doit assouvir une vengeance personnelle – figures schématiques du polar ou du western de série), ils irradient d’une personnalité fascinante.
Quant aux scènes d’actions promises (seulement 4 pour trois heures de film), elles surprennent par leur réalisme. Filmées et montées rapidement, parfois difficiles à suivre, elles sont plus axées sur les impressions des personnages que sur le compte rendu spectaculaire. Pas d’explosions inutiles, pas d’effets sonores tonitruants, pas de débauche de cascades : le réalisme et les personnages priment.
Avec HEAT, Michael Mann fait un retour aux sources salutaire, au polar noir de ses débuts. Lui qui s’était perdu dans le film d’aventure historique avec LE DERNIER DES MOHICANS (très maîtrisé techniquement mais qui manquait de chair), retrouve enfin son talent personnel pour nous offrir un film qui surpasse en qualité LE SOLITAIRE et LE SIXIEME SENS.
Et ce n’est pas peu dire.