Girl

En avril dernier, lorsque la Sélection Officielle du Festival de Cannes fut annoncée, GIRL se fit quelque peu remarqué. Forcément, quand on s’intéresse à notre cinéma national, c’est logique que ce nom éveilla l’intérêt, d’autant plus qu’il était dans la section Un Certain Regard et, qu’à part les frères Dardenne, c’est rare de trouver des belges, en compétition ou à Un Certain Regard. Après les premières projections, les avis furent unanimes et, quelques jours plus tard, quand les récompenses ont commencé à tomber, ce fut la cerise sur le gâteau. Au final, GIRL a remporté 4 prix. Queer Palm, prix FIPRESCI de la critique pour la section Un Certain Regard, Caméra d’or (récompensant le meilleur premier film) ainsi que le prix d’interprétation (non genré) pour le jeune Victor Polster. Voici qu’il débarque enfin dans nos salles, après avoir fait l’ouverture du festival de Gand la semaine dernière.

Une des raisons principales qui fait que l’on parle tant de GIRL, c’est son histoire. Il est question de Lara, une jeune fille transexuelle qui veut devenir danseuse étoile. Lara doit en plus prendre patience pour enfin avoir le corps dont elle a toujours rêvé puisque, en tant que fille, être née dans un corps de garçon ne rend pas les choses plus simples. C’est difficile à accepter pour elle. C’est d’ailleurs là qu’est l’intérêt principal du film. C’est dans le fait que GIRL aborde plus la question de l’image de Lara par rapport à elle-même, le fait qu’elle doit être patiente afin d’atteindre ce qu’elle désire par dessus tout. Il n’est pas question, comme ça l’est souvent, d’acceptation et d’image par rapport au reste de la société.

Le père de Lara a parfaitement accepté la situation. Il ne veut que le bonheur de sa fille. Lukas Dhont a donc évité tout le possible drame familial afin de se concentrer sur cette question identitaire d’acceptation de Lara. C’est la meilleure idée possible car, en optant pour ce procédé, Dhont fait quelque chose de différent, inédit. Il porte un regard finalement peu vu encore au cinéma sur les personnes trans. UNA MUJER FANTASTICA a ouvert des portes l’an dernier, Dhont les ouvre encore plus. En tout cas, il aborde la question sous un autre angle. Le film fonctionne magnifiquement bien car il est question d’une mineure. Il y a donc tout un accompagnement qui est essentiel, que ce soit le père de Lara, ses médecins, sa professeure de danse, … En plus d’avoir un indéniable talent de mise en scène, Lukas Dhont donne de la hauteur à son œuvre grâce à son recul, sa sensibilité ainsi que sa maturité.

Bien entendu, il est évident que GIRL ne serait rien sans son interprète principal, le jeune Victor Polster. Il est d’un charisme, d’une douceur et sensibilité telle qu’il est impossible de ne rien ressentir devant ce que vit le personnage qu’il incarne. Il tient tout le film sur ses épaules mais il faut aussi considérer un autre comédien, Arieh Worthalter, qui incarne le père de Lara. Bien qu’on parle surtout, à raison, de Victor, il ne faut pas l’oublier pour autant car il est également une véritable révélation. Ce sont deux comédiens à surveiller à l’avenir car, tous deux livrent ici de superbes prestations.

GIRL est un film à voir absolument, pour ce qu’il raconte, la façon dont cela est raconté, le regard posé sur les personnages, les prestations des acteurs, la mise en scène engagée et dynamique de son réalisateur. Si on en parle tant, c’est pour de nombreuses raisons qui sont toutes entièrement justifiées. La Belgique a de nouveaux talents, au public de les faire éclore en allant les soutenir dans les salles.

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