Equipe:
Durée : 135’
Genre:
Date de sortie: 09/11/1999
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Jack (Norton) a un boulot de cadre plutôt peinard, il se meuble chez IKEA et n'a pas de petite amie. Perdu dans la société de consommation, il cherche son sommeil. Insomniaque depuis des lunes, il n'arrive pas à fermer un cil. Il recouvrera un certain équilibre en fréquentant divers groupes d'entraide pour malades de toutes sortes. Très vite, il en deviendra dépendant, ces séances qui lui procurant une certaine joie de vivre qu'il ne trouve plus ailleurs. Et ce jusqu'à la rencontre avec Tyler (Pitt), un vendeur de savonnettes se prenant pour une sorte de guerillero urbain dont le seul plaisir est de se sentir vivre; même si pour cela il doit recevoir sur sa trogne. C'est ainsi que les deux hommes vont créer le Fight Club qui, comme son nom l'indique, regroupe des hommes qui veulent découvrir le sentiment d'être vivant en se mottant la gueule.
Notre critique:
FIGHT CLUB est un brûlot social comme il en existe peu. C’est aussi le film d’une génération avilie par son système de fonctionnement. Certes, l’identification peut être facile pour les 25-35 ans qui cultivent le ras-le-bol de la soupe déshydratée qu’on leur sert en guise de quotidien, le scénario est jusqu’au-boutiste, anarchiste, et revendique le droit à la vie, quel qu’en soit le prix ou la manière pour y arriver. La réalisation de David Fincher est flamboyante comme à son habitude, son sens de l’image et de la mise en scène n’est plus à établir. Il est cependant regrettable qu’il ne se soit pas montré plus démonstratif dans le décorticage de sa machination. Il nous laisse au milieu de deux extrêmes sans donner aucune réponse; mais il pose des questions…
Pour camper impeccablement la victime et son mentor, il fallait deux gueules ayant de la crédibilité à revendre. Edward Norton et Brad Pitt font partie de ceux-là. Ils aiment les paris où ils ne sont pas désignés gagnants d’avance. Ici, tout était à prouver. Leur jeu devait tout emporter: l’histoire et la mise en scène. Pitt sous la houlette de Fincher (SEVEN) n’est plus le bel esthète mièvre d’un Joe Black, mais bien une tronche sous influence évoluant dans un monde dont il se croit le créateur. Norton quant à lui sait perdre pied et se rattraper là où le besoin s’en fait sentir. Au sein de FIGHT CLUB, il évolue tel un écureuil volant: quand la chute libre devient art et lorsque la réception est quasi parfaite, que dire sinon son admiration? Acteur se mettant perpétuellement en danger, Edward Norton devient presque le porte-parole d’une génération sans repères. Son jeu instinctif et profond, tout comme celui de Pitt, et la maestria de Fincher sont les piliers qui soutiennent un scénario fleurtant pourtant avec l’inconscience.
FIGHT CLUB est une sorte de reflet de notre intelligence et c’est là son plus grand défaut. D’aucuns y verront un ultime plaidoyer pour une véritable auto-découverte de soi, d’autres un sous-Rocky à la violence totalement débridée, au message peu clair si ce n’est qu’on ne peut trouver le salut qu’en faisant tout péter. Néanmoins, le film vaut grandement le coup d’oeil, il suffit d’être averti et d’arriver à en disséquer sa mécanique.