Equipe:
Durée : 112’
Genre:
Date de sortie: 18/06/2002
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Alors que le générique du film s'ouvre sur la blonde et sculpturale silhouette de Barbara Stanwyck (garce sublime d'ASSURANCE SUR LA MORT) que diffuse l'écran de télévision de sa suite cannoise, lascivement étendue sur son sofa, Laura Ash règle les derniers détails du hold-up qu'elle s'apprête à accomplir avec ses deux complices. Séductrice, manipulatrice aussi belle que dangereuse, cette femme fatale contemporaine tout comme son mythique modèle, est prête à tout pour parvenir à ses fins vénales y compris à doubler ses partenaires lors de l'audacieux vol de bijoux qu'ils s'apprêtent à commettre en pleine séance de Festival. S'octroyant sans scrupules l'intégralité du butin, la bombe prend la poudre d'escampette jusqu'à Paris où elle revêt l'identité de son sosie parfait, Lily, une jeune veuve au bord du suicide. C'est en sautant dans le premier avion pour New York, histoire de se faire oublier quelques temps qu'elle y rencontre et séduit Bruce Hewitt Watts, un fringant quadragénaire qui n'est autre que l'ambassadeur des Etats-Unis en France. Sept ans plus tard désormais mariés, les tourtereaux pris en photo par un paparazzi en manque de scoop se retrouvent en couverture d'un magazine people. Reconnue par ses anciens acolytes, commence alors pour Laura un engrenage infernal qui va rapidement s'avérer dangereux pour tous ceux qui osent l'approcher
Notre critique:
Après une incartade assez décevante vers le film de science-fiction (MISSION TO MARS) autant dire que l’on attendait avec impatience le retour sur les écrans de ce vieux roublard du 7ème art qu’est Brian De Palma. Désormais résident français pour des questions sentimentales mais aussi pour échapper à la mainmise des studios hollywoodiens et pouvoir ainsi travailler plus librement, le voilà qui renoue avec ses anciennes amours dans un bluffant coup de poker menteur où il remet sur le tapis cinématographique ses éternels fantasmes et ses obsessions si caractéristiques. Les connaisseurs de l’univers depalmien ne seront donc pas surpris de retrouver dans ce nouvel opus plus personnel, les tics thématiques (voyeurisme, manipulation, dualité ) et visuels (ah, les légendaires plans-séquences, split-screens et autre mouvements de caméra habiles et précis) qu’affectionne le réalisateur et ont fait sa marque de fabrique. Mais si au fil des années son cinéma s’est nourri de nombreuses références aux figures hitchcockiennes, son FEMME FATALE tout en y restant fidèle, semble également relever de l’auto citation et de la parodie de lui même.
De BODY DOUBLE à OBSESSION en passant par BLOW-OUT, les allusions à ses propres uvres ont comme un petit goût de déjà vu et de réchauffé. Seulement là où ces films nous offraient une véritable tension dramatique et jouaient avec la palette des émotions liées au suspense (désir, angoisse ), on ne retrouve malheureusement ici qu’un fade recyclage où le maestro se contente de faire bouger joliment les choses et les gens dans les situations les plus improbables. Comme souvent, pas franchement porté sur la construction scénaristique, pour nous tenir en haleine, il tente de compenser son intrigue abracadabrante en usant et abusant de la virtuosité et de la force de sa mise en scène, nous promenant à sa guise au royaume des images et du faux-semblant. Et il faut bien admettre que la scène du vol de bijoux en plein Festival de Cannes est une vraie leçon de style en la matière, brillante et envoûtante à souhait. Oui mais voilà, une fois les préliminaires de séduction passés on se lasse bien vite de ce pur jeu d’images sans consistance et profondeur.
A l’image de son héroïne à la plastique irréprochable qui occupe constamment l’écran sans jamais l’embraser, en cherchant à aguicher le spectateur, FEMME FATALE est un bel objet sophistiqué mais beaucoup trop artificiel pour nous toucher. Produit dérivé des grands moments depalmiens cette histoire de manipulation et d’entourloupe nous laisse comme la désagréable impression de s’être fait rouler dans la farine et mené par le bout du nez par une jolie garce qui nous aurait tourné la tête, à moins que ça ne soit par un réalisateur habitué à la filouterie. Capable du pire comme du meilleur, flirtant entre le raffinement et le mauvais goût, le grotesque assumé et le ridicule, Brian de Palma nous aurait-il une fois de plus joué un mauvais tour ou serait-il arrivé au bout de lui même et de son oeuvre? Fatalement on ose croire que cet épisode était juste une impasse.