Eshtebak - Clash
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Eshtebak

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : Clash

Equipe: El Sebaii Mohamed, Hani Adel, Khaled Diab, Mohamed Diab, Nelly Karim
Durée : 117’
Genre: Drame politique
Date de sortie: 11/01/2017

Cotation:

6 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Le Caire, été 2013, deux ans après la révolution égyptienne. Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, un jour de violentes émeutes, des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Sauront-ils surmonter leurs différences pour s'en sortir?

 

Notre critique:

Présenté en compétition au Festival du Cinéma Méditerranéen, ESHTEBAK (CLASH) y a reçu le prix de la critique de l’UCC et de l’UPCB (les 2 associations de critiques de cinéma en Belgique) récompensant à la fois la qualité de sa mise en scène et son contenu politique particulièrement d’actualité.

Cette récompense parfaitement méritée vient couronner le nouveau film de Mohamed Diab, le réalisateur, voici 6 ans, du formidable LES FEMMES DU BUS 678, un film qui dénonçait magnifiquement le harcèlement sexuel presque institutionnalisé dont souffraient les femmes Egyptiennes dans les transports en commun.

Cette fois-ci, Mohamed Diab, aidé au scénario par son frère Khaled, propose un film éminemment politique puisqu’il plonge le spectateur en plein milieu des émeutes qui ont eu lieu en Egypte en 2013 entre les islamistes pro-Morsi et les militaires qui ont renversé Morsi, président élu.

Et « en plein milieu » ne sont pas des mots vains car ESHTEBAK (CLASH) place ses protagonistes -des partisans des deux camps- dans un fourgon policier, prisonniers au milieu des policiers et des manifestants. Ce milieu clos dans lequel se déroulent des affrontements à échelle humaine devient aussi le centre d’observation sur le monde qui entoure le fourgon, un monde en pleine effervescence. Microcosme de la révolution, le fourgon est une représentation de l’Egypte au moment des événements de 2013.

Et la force de Mohamed Diab est de réussir à captiver le spectateur et à maintenir la tension tout au long du film tout en restant (quasi) en permanence dans le fourgon. Pour ce faire, il multiplie les différents plans, le monde extérieur est vu au travers des fenêtres grillagées, les interactions avec le monde se font soit au travers des fenêtres du fourgon, soit via la porte ouverte par moment par des policiers.

Véritable tour de force technique, ESHTEBAK (CLASH) n’en demeure pas moins fluide, extrêmement lisible et complètement édifiant. Espérons qu’à l’instar de LES FEMMES DU BUS 678, ce film fera lui aussi avancer les choses dans une société Egyptienne en pleine mutation!